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Coronavirus : la débâcle des ventes de produits alimentaires frais

Les fruits et légumes de saison, les appellations fromagères, les charcuteries souffrent d'un effondrement de la consommation. L'appauvrissement alimentaire guette les rayons et les étals avec le retrait des vendeurs, la peur, le confinement, la fermeture des marchés. 

L'inquiétude monte chez les producteurs de fruits et légumes. Les asperges et les fraises entrent dans leur pic de production, alors que les consommateurs boudent les produits frais.
L'inquiétude monte chez les producteurs de fruits et légumes. Les asperges et les fraises entrent dans leur pic de production, alors que les consommateurs boudent les produits frais. (iStock)

Par Marie-Josée Cougard

Publié le 24 mars 2020 à 17:29Mis à jour le 24 mars 2020 à 17:56

Pâtes, riz, pommes de terre… la table des Français est brusquement devenue bien triste. Et ce quand bien même les agriculteurs ont mis un point d'honneur à continuer de produire de tout en quantité et en diversité. Les commandes auprès des producteurs des meilleurs fromages (AOC), des fruits et légumes de saison comme les fraises et asperges, de spécialités charcutières et d'autres encore sont en chute libre.

Comment expliquer ce décalage entre l'offre et la consommation ? Les clients se font rares dans les magasins, et lorsqu'ils y viennent ils privilégient les aliments de subsistance. Comme en temps de guerre, quand la nourriture fait défaut. Les produits frais suscitent la méfiance. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a pourtant écarté l'idée de risque de contamination par voie alimentaire, rappelant les règles sanitaires de base. 

« Appauvrissement alimentaire »

Les filières actionnent le signal d'alarme et s'inquiètent du risque d'« appauvrissement alimentaire qui guette les rayons des grandes surfaces » pour reprendre les termes du Conseil national des appellations d'origine laitière (CNAOL).

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Les transformateurs laitiers de toutes les régions de France notent une baisse très importante des commandes, affirme l'organisme. « Nous sommes confrontés à des décisions unilatérales de certains distributeurs qui stoppent brutalement les commandes jugeant que les produits sous signe de qualité ne sont pas de première nécessité », observe Dominique Chambon, producteur fermier de Rocamadour AOP. 

Risque pour les spécialités régionales

Même constat chez les charcutiers . « Le choc est énorme sur tous les produits à la coupe impliquant de la main-d'oeuvre », dit le président de la Fédération des industriels charcutiers traiteurs (FICT), Bernard Vallat. Selon lui, « les enseignes ont revu leurs commandes au profit de produits plus simples en manutention ». Une manière, probablement, de s'adapter au droit de retrait exercé par leurs salariés.

Un quart du 1,1 million de tonnes de charcuteries vendues en France l'est à la coupe. Les entreprises les plus touchées sont petites, voire très petites. « Mais elles sont la source d'une grande diversité de spécialités régionales, remarque Bernard Vallat. Que se passera-t-il quand elles auront fermé ? »

Côté libre-service, soit 70 % des volumes, les charcutiers font face à un autre type de problème. « Nous avons des difficultés à trouver le gaz carbonique, utilisé pour conserver les produits emballés. Ce gaz est un sous-produit de la fabrication d'engrais. Et des usines ont fermé avec le coronavirus », souligne le président de la FICT. 

Filières de production courte

L'inquiétude monte aussi chez les producteurs de fruits et légumes. Les asperges et les fraises entrent dans leur pic de production. La brusque fermeture des restaurants, où se consomment 40 % des asperges a mis les producteurs dans un profond embarras. La fermeture des marchés, 40 % des volumes, demandée par le gouvernement mais laissée à l'appréciation des maires, ne fait qu'accroître l'angoisse.

« Les ventes sur les marchés de gros ont déjà plongé la semaine dernière de 30 à 40 % », déplore le président de l'interprofession Interfel, Laurent Grandin. « Une filière de production aussi courte que les asperges peut être tout bonnement condamnée si rien n'est fait pour en assurer la commercialisation », observe-t-il.

Manque de bras 

Les premières fraises aussi sont à maturité. Garriguettes, ciflorettes, charlottes… Il s'en produit 800 tonnes par semaine. Là aussi le risque de voir des fermetures en cascade des marchés crée la panique. Même si 70 % des volumes sont vendus en supermarchés. Ces derniers se sont d'ailleurs engagés à promouvoir les productions françaises.

Mais à tous ses maux s'ajoute le manque de bras. « La main-d'oeuvre étrangère fait gravement défaut », constate Xavier Mas, président de l'Association des organisations de producteurs (AOPN) de fraises. Les Polonais, Espagnols, Portugais et Marocains assurent traditionnellement la cueillette et prêtent main-forte dans les stations de conditionnement.

Le seul espoir de Xavier Mas aujourd'hui est de voir revenir les consommateurs. « On a baissé les prix de 25 %. Si les consommateurs veulent se faire plaisir c'est le moment ! »

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Marie-Josée Cougard 

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