En école d'ingénieurs, des cours à distance entre promesses et fracture numérique
Depuis leur fermeture le 16 mars, les établissements assurent la continuité pédagogique de leurs enseignements par écrans interposés. Une organisation qui convient aux enseignants et élèves, même si une fracture numérique entre ces derniers apparaît.
A l’origine, ce cours d'initiation à la programmation devait se dérouler comme tous les autres. Une heure de cours magistral pour donner les bases théoriques aux 150 étudiants de la promotion, suivi de deux heures de travaux dirigés par groupes. Après la fermeture des écoles, collèges, lycées et universités françaises annoncées par le Gouvernement le 12 mars et effective depuis le 16, la direction des Mines de Nancy a dû, comme toutes les écoles d’ingénieurs françaises, s’adapter pour assurer cette initiation en plein confinement.
Bart Lamiroy, maître de conférence au département informatique de l’école, a tenu ce cours vendredi 20 mars par écrans interposés. “La partie théorique s’est faite en live sur Youtube, avec la possibilité pour les élèves d’interagir par chat s’ils avaient des questions”, clarifie l’enseignant-chercheur. La partie TD s’est elle déroulée sur la plateforme Discord, où les élèves se sont répartis par groupes d’une vingtaine dans les différents “salons” du logiciel et ont échangé par un chat vocal. “L’enseignant pouvait passer d’un salon à l’autre et partager son écran en vidéo pour les aiguiller en cas de difficulté”, complète Bart Lamiroy.
Adaptation rapide des étudiants
Depuis qu’elles ont fermé leurs portes le 16 mars, les écoles d’ingénieurs assurent la continuité pédagogique et sont quotidiennement confrontées à ces situations. Philippe Chargé, directeur de la pédagogie à Polytech Nantes, nous indique que les emplois du temps de son école ont été maintenus en l’état. “Certains cours se font sous forme de chat ou de vidéo en synchrone et d’autres en asynchrone sur le principe de classe inversée, avec un travail à préparer pour le lendemain.”
La principale difficulté concerne les travaux pratiques, impossible à mener sans que les enseignants et élèves accèdent aux salles dédiées des campus. “Nous avons tous les TD durant cette période à distance et les TP ont été reportés à une date ultérieure qui dépendra du confinement et de la réouverture de l'école”, éclaire Guillaume Le Bourgeois, délégué des élèves de première année à l’EBI.
Pour la plupart des étudiants, bien qu’étrange au début, cette transition virtuelle fonctionne et ne complique pas la compréhension du programme d'enseignement. “Les profs sont à l'écoute et l'interaction est bonne”, estime Emma Verger, étudiante à l’ESME Sudria de Lyon. Un avis que partage Louis, en première année à Centrale Nantes, qui précise que “les profs ne sont pas tous au même niveau avec les outils utilisés.”
Reflet de la fracture numérique
Un point noir émerge cependant de ces cours à distance, comme nous l’ont confié enseignants et étudiants. “Il est parfois compliqué d’entendre certains qui ont des problèmes de connexion ou de micro”, constate Guillaume Le Bourgeois de l’EBI. Une fracture numérique également identifiée du côté des Mines de Nancy et de Polytech Nantes, où l’équipe enseignante planche actuellement sur des solutions pour ces élèves trahis par la qualité de leurs équipements informatiques. “Nous pourrions enregistrer les cours et leur transférer, ou les joindre ensuite par téléphone”, envisage Philippe Chargé. Un casse-tête de plus pour des écoles sur le qui-vive depuis 15 jours.
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