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L'intérim se prépare à une longue crise

Dans la crise sanitaire, le monde de l'intérim devient la première variable d'ajustement. L'effondrement est brutal et le redémarrage s'annonce très lent.

L'intérim paie lui aussi un lourd tribut au coronavirus.
L'intérim paie lui aussi un lourd tribut au coronavirus. (Loic Venance/AFP)

Par Martine Robert

Publié le 31 mars 2020 à 07:22Mis à jour le 31 mars 2020 à 17:27

Le secteur de l'intérim est lui aussi durement touché par la quasi-paralysie de l'économie française du fait de l'épidémie de coronavirus dans le pays. « Notre activité a chuté de 75 % en 48 heures, le confinement ayant provoqué un arrêt brutal d'activité dans nos grands secteurs d'intervention », observe le président de ManpowerGroup France, Alain Roumihac. « C'est un choc d'une ampleur inédite », renchérit son alter ego chez Randstad France, Frank Ribuot. Selon Prism'Emploi , rapportée en nombre d'équivalents temps plein (ETP), la perte d'emplois imputable à la crise sanitaire s'élèverait ainsi à 557.500 ETP entre la première et la seconde moitié du mois de mars 2020.

Mais les principaux acteurs de l'intérim en France entendent contribuer à préserver ce qui fonctionne encore. Car dans les quelques secteurs d'activité soumis à l'inverse à un surcroît de travail, ils peuvent jouer un rôle pour le remplacement des salariés absents, malades ou retenus à domicile par leurs enfants. Même si ceux-ci pèsent peu en réalité. Traditionnellement, l'industrie et le BTP emploient respectivement 39 % et 19 % des intérimaires, contre 3,5 % pour le commerce de détail.

En outre, souligne Alain Roumilhac, « même là où il y a eu un pic de demande, comme la distribution alimentaire, l'activité est un peu retombée car les gens ont fait le plein de courses ». Sur les plateformes logistiques où interviennent aussi les entreprises d'intérim, « certaines sont à l'arrêt pour des problèmes de désinfection ou d'approvisionnement. Quant aux filières agroalimentaires et pharmaceutiques, elles restent très actives mais l'intérim y est marginal et freiné par la psychose d'aller travailler », poursuit le dirigeant.

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« Certains secteurs comme le transport routier, qui rencontrent déjà de grandes difficultés à recruter en temps ordinaire, doivent faire face à une tension supplémentaire pour trouver les compétences nécessaires à l'accroissement de la demande et au remplacement des salariés malades ou retenus chez eux », reconnaît encore Frank Rouaut, qui doit composer aussi avec les craintes de ses intérimaires et veiller à leurs conditions sanitaires.

Incertitudes sur la reprise

Si l'intérim est l'un des secteurs qui devrait redémarrer le plus vite à la sortie du confinement, ses grands acteurs ne cachent pas leur inquiétude. « A moyen terme, le travail temporaire continuera à souffrir. Il est évident que le redémarrage ne se fera pas sur le rythme que nous connaissions avant la crise. A long terme, il y a fort à parier que l'intérim ne retrouvera pas avant plusieurs mois les niveaux élevés qu'il a connus ces dernières années. La reprise ne compensera pas intégralement la perte d'activité », pronostique le patron de Randstad.

Idem pour son homologue de Manpower. « On sait très bien que lorsqu'une économie est à l'arrêt, la faire repartir est très difficile. Or la nôtre est paralysée bien plus que n'importe quelle autre dans le monde aujourd'hui. C'est notre culture, on considère que l'Etat est là pour nous protéger de tout, bien plus que dans la plupart des autres pays. Mais ça va coûter des centaines de milliards et renforcer l'idée que la rigueur budgétaire n'est pas indispensable », s'alarme Alain Roumilhac.

Martine Robert 

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