Publicité

« La fermeture des écoles, l'occasion de montrer que nos solutions fonctionnent »

L'association EdTech France, qui regroupe 250 entreprises membres, voit ses solutions d'éducation numérique placées sous les feux des projecteurs du fait de la fermeture des écoles. Une opportunité non dénuée de risques pour ce jeune écosystème tricolore, dont le modèle économique reste fragile, et qui peine à obtenir la reconnaissance de l'éducation nationale.

Rémy Challe, président de l'association EdTech France, estime qu'« il n'y a pas d'effet d'aubaine ».
Rémy Challe, président de l'association EdTech France, estime qu'« il n'y a pas d'effet d'aubaine ». (DR)

Par Laurence Albert

Publié le 30 mars 2020 à 15:48

La fermeture des écoles liée à la pandémie entraîne-t-elle un pic d'activité chez les entreprises de la edtech ?

Soyons clairs : il n'y pas d'effet d'aubaine lié à la fermeture des écoles et les edtechs ne sont pas devenues, du fait de la crise sanitaire, un eldorado pour les entrepreneurs. EdTech France regroupe 250 entreprises liées à l'éducation et la formation des élèves, étudiants et adultes, dont le profil et les activités sont très divers.

Dans la période, certains outils connaissent une sursollicitation, comme ceux créés pour resserrer les liens entre les enseignants et les familles. C'est évidemment positif. Toutefois, certaines entreprises n'avaient pas forcément été calibrées pour faire face à un tel afflux : il y a eu donc, pour elles, un risque de ne pas pouvoir réaliser soudainement le passage à l'échelle.

D'autres jeunes entreprises souffrent des désorganisations actuelles, à l'instar du reste de l'économie française. N'oublions pas que le marché français des edtechs est quasi inexistant sur le secteur du scolaire, avec peu de fonds et de levées. Beaucoup de petites entreprises ne s'en relèveront donc sûrement pas. Cette crise, ce n'est pas une opportunité, c'est davantage un crash-test pour les edtechs !

Publicité

Vous avez malgré tout choisi de mettre en avant vos solutions dans une plateforme dédiée et gratuite, solidarite.edtechfrance.fr

Dès début mars, constatant que les fermetures d'écoles se multipliaient en Asie et en Italie, nous avons imaginé une plateforme de solutions gratuite pour la France. Le résultat dépasse mes espérances puisque 210 entreprises s'y sont inscrites et 10.000 connexions ont été enregistrées.

Il nous paraissait important de montrer que nos solutions fonctionnent, qu'elles existent en complément de l'école ou du CNED, sans constituer une menace pour le système scolaire bien au contraire. Il faut démystifier cette image du startuppeur, jeune loup du grand capital : beaucoup de nos entrepreneurs sont d'anciens enseignants désireux de mettre le numérique au service de la pédagogie. Personne ne souhaite tout révolutionner !

On a cependant le sentiment qu'un fossé sépare encore ces deux mondes.

Il y a des enseignants rompus à ces pratiques, des « pédagogeeks », mais la grande masse des professeurs reste insuffisamment formée. C'est l'un des enjeux majeurs. Il y a aussi un décalage lié au fait que les utilisateurs (les enseignants et établissements scolaires) ne sont pas les acheteurs de solutions : ce sont les collectivités qui achètent les outils et ressources (par exemple les espaces numériques de travail), souvent en ordre dispersé.

Avoir quelques outils numériques « à côté » ou en cas de crise ne suffit pas. Le numérique doit être intégré pleinement dans la construction des enseignements. J'espère que cette crise, si elle doit avoir une quelconque vertu, permettra cette prise de conscience.

Le ministère de l'Education affiche cependant une forme de méfiance vis-à-vis du secteur privé, mettant notamment en garde contre l'utilisation des données…

Les edtechs françaises ne font pas de commerce autour des données. Pronote, qui est sans doute le logiciel français qui en agrège le plus, ne les utilise pas. Ce n'est pas notre modèle économique.

Ce discours vise aussi les Gafam. De très nombreux professeurs ont mis en place des groupes Facebook, WhatsApp, et font des classes virtuelles via Teams, Skype ou Discord. Ils sont allés chercher ces solutions parce qu'elles leur sont familières et qu'elles sont efficaces. Je ne les juge pas, il faut parer au plus urgent et le fait est que ces outils sont souvent performants. Ces premiers jours aussi ont été ceux de la bonne volonté, du tâtonnement et de la confusion, mais les choses vont s'organiser.

Laurence Albert

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité