Sauve qui peut les films : alors que les salles sont fermées depuis samedi 14 mars en raison de l’épidémie de Covid-19, l’ensemble de la filière cinéma est tout à la fois sonnée et foisonnante d’idées. Du côté des distributeurs, se pose la question de l’écoulement des films subitement privés du grand écran. En France, pays qui possède plus de 5 000 écrans sur son territoire (et quelque 2 200 établissements), le cinéma en salle est sacré et obéit à une règle, la « chronologie des médias » inscrite dans le marbre : elle prévoit une exclusivité pour la salle d’une durée de quatre mois, avant la sortie en vidéo à la demande (VoD), sur les chaînes de télévision, etc.
Que faire alors des œuvres qui étaient en cours d’exploitation le 14 mars ? Faut-il les mettre en sommeil et attendre que leur carrière reprenne lorsque les cinémas vont rouvrir ? Ce sera sans doute la solution choisie pour un certain nombre de films. Dans une tribune parue dans Le Film français, vendredi 27 mars, le président de la puissante Fédération nationale des cinémas français (FNCF), Richard Patry, a souligné « l’aspiration de nos adhérents [exploitants] à soutenir les films des distributeurs qui ont été à leurs côtés jusqu’au bout », et à les proposer « à nouveau à leurs spectateurs » dès la réouverture des salles. Reste que personne n’a la moindre idée de la date de reprise – la Chine, qui avait rouvert 600 salles le week-end du 21-22 mars, a annoncé à nouveau leur fermeture le 27 mars.
De plus, quand on sait qu’une vingtaine de nouveaux films devaient sortir chaque mercredi – les 18 mars, 25 mars, 1er avril, 8 avril, etc. –, la réouverture des cinémas s’annonce comme un embouteillage monstre, avec le risque que les films à faible potentiel se retrouvent, encore plus que d’habitude, noyés dans la masse. Il y a fort à parier que les exploitants, dans leur grande majorité, privilégieront les comédies familiales et autres blockbusters pour relancer l’économie du secteur.
Nouvelles règles provisoires
Les spectateurs étant confinés, la VoD avec paiement à l’acte pourrait présenter une alternative et une soupape pour le secteur. La télévision elle-même a déjà retrouvé des scores pharaoniques avec plus de 6 millions de téléspectateurs, le 27 mars, pour le cinquième épisode de Koh Lanta sur TF1. Au point que certains se demandent s’il ne faudrait pas sortir des films d’auteur à la télévision. Le temps de la crise sanitaire, le petit écran redeviendrait cinéphile… Toujours est-il que la profession semble prête à expérimenter de nouvelles règles, provisoires, sous le patronage du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).
Il vous reste 65.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.