Après une semaine à l’arrêt, l’activité a repris dans l’industrie aéronautique. Philippe Petitcolin, directeur général du motoriste Safran, apprécie les premières mesures du gouvernement, notamment en faveur du chômage partiel. Mais il appelle les autorités à autoriser des reports de charges pour sauvegarder le tissu industriel.
Le secteur aéronautique a été l’un des premiers touchés par la crise du coronavirus. Après quinze jours de confinement, quel est votre taux d’activité ?
Le taux d’activité dans l’aéronautique n’est pas élevé en France. Il doit se situer entre 10 % et 25 % au maximum sur les sites et dans les usines. A cela, il faut ajouter 30 % à 40 % de salariés en télétravail. Les autres personnels sont soit au chômage technique, soit en arrêt pour s’occuper de leurs enfants. Au total, les deux tiers au maximum des personnels travaillent. C’est beaucoup moins chez Safran, car nous devons mettre les usines en adéquation avec les règles sanitaires.
Les mesures gouvernementales prises en faveur des entreprises sont-elles à la hauteur ?
Elles sont bonnes, et même très bonnes. Elles permettent d’amortir le choc. Est-ce que cela sauvera complètement les entreprises ? Non. Si vous avez des coûts fixes liés à des achats de matériels, à des locations d’avions que vous devez rembourser suivant des règles bien précises, et que vous ne pouvez pas changer tout cela à un moment, la seule réduction des coûts de personnels ne suffira pas. Et si votre chiffre d’affaires est proche de zéro, vous ne pourrez pas tenir très longtemps.
Que demandez-vous au gouvernement ?
Je ne vois pas un Etat se substituer à une entreprise pour lui payer ses loyers, le remboursement de ses matériels, de ses machines. Ce n’est pas possible dans une économie mondiale telle que nous la connaissons. La seule façon d’aider les entreprises, si elles n’arrivent pas à générer du chiffre d’affaires, et seul le gouvernement peut le faire, c’est de leur faire des prêts à très long terme pour qu’elles puissent rembourser leurs charges.
L’Etat doit voler au secours des grands groupes comme Airbus, Safran ou Thales ?
Non. Je pense que les grands groupes doivent servir d’exemple. Tant que nous avons un filet de commandes qui n’est pas à zéro, c’est à nous de faire l’effort, notamment grâce aux mesures de chômage partiel proposées par le gouvernement pour amortir au maximum ce choc. Nous ne sommes pas des sociétés à risque, car nous avons des fonds propres et de quoi réagir.
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