Continuité pédagogique : une épreuve difficile pour les professeurs et élèves

Julien Toury Publié le
Continuité pédagogique : une épreuve difficile pour les professeurs et élèves
La plateforme "Ma classe à la maison" lancée début mars n'a pas eu le succès escompté. // ©  Julien Toury
Alors que se termine la 3e semaine sans classe, SynLab publie une étude sur la continuité pédagogique en période de confinement, et des difficultés rencontrées par les équipes éducatives.

La fermeture des établissements scolaires pose le problème de la continuité pédagogique. Si tout pouvait sembler rodé au début de l'épidémie, quand le nombre de collèges, écoles ou lycées fermés, était encore infime, le bilan semble bien différent, après deux semaines de confinement.

Une pédagogie qui évolue

Si la mobilisation s'avère bonne dans l'ensemble, les méthodes divergent beaucoup d'un professeur à l'autre. Les classes virtuelles, que l'on attendait voir se démocratiser, sont marginales. La plateforme "Ma classe à la maison" par exemple, présentée au début du mois de mars, mais jugée peu performante, n'est utilisée que par 13% d'entre eux.

Ce que l'on voit, c'est que les professeurs ont dû faire avec les moyens du bord. (C. Guéville)

Les professeurs se montrent plus enclins à s'adapter à leurs élèves, en adoptant des moyens non institutionnels, comme les réseaux sociaux ou les messageries "ce que l'on voit, c'est que les professeurs ont dû faire avec les moyens du bord", remarque Claire Guéville, responsable du secteur lycée pour le SNES-FSU.

La faute notamment, à un manque d'anticipation "si l'on avait eu une semaine en amont, pour nous préparer, le constat aurait été différent" appuie-t-elle. En effet, 6% des enseignants déclarent ne pas avoir le matériel ou la connexion nécessaire pour maintenir une activité à distance, "sans compter les problèmes auxquels nous faisons tous face, comme la garde d'enfants", renchérit-elle.

Des craintes de décrochage

La bonne mise en œuvre de la mobilisation est cependant entachée par les craintes de 70% des professeurs vis-à-vis des élèves fragiles. Ce sont 42% des professeurs qui estiment la continuité pédagogique impossible avec certains élèves. "Les élèves en difficultés peuvent être perdus dans cette situation" déclare Claire Guéville.

Une situation qui peut rester au point mort dans les familles éloignées du milieu scolaire. Le rôle des parents est non négligeable, et leur contact est un point important dans la continuité pédagogique. Dans les lycées, 40% des enseignants ne sont pas arrivés à contacter les familles, la faute, selon 20% d'entre eux, au manque de matériel ou de connexion chez ces mêmes familles.

Une continuité difficile

La continuité pédagogique se révèle être un vrai défi. Pour la responsable lycée du Snes, le terme n'a pas vraiment de sens "on nous a demandé de continuer comme si de rien n'était, mais ce n'est pas possible". Les situations sont très diverses, et certains élèves en sont pénalisés "bien sûr, on continue à les noter pour leur donner une appréciation, mais je ne pense pas que ce soit juste d'inscrire ces résultats dans des bulletins", souligne-t-elle.

Une situation difficile, qu'un quart des professeurs ne voyaient pas s'améliorer au-delà des deux premières semaines de confinement. Les deux tiers des enseignants expriment un besoin d'accompagnement, et notamment dans la mobilisation des parents.

Julien Toury | Publié le