Au début, ce fut l’explosion de joie. « On découvre en avril qu’on est bacheliers, et la veille des vacances ! », s’exclame Antoine, en terminale S au lycée Hélène-Boucher à Paris (20e arrondissement). Ce lycéen a appris vendredi 3 avril que les épreuves du baccalauréat n’auraient pas lieu. Elles seront remplacées, pour les 740 000 élèves de terminale, par la moyenne des notes sur les trois trimestres, a annoncé le même jour Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale. Pour Antoine, c’est d’abord « beaucoup de travail et de stress en moins ». A la fin des vacances de Pâques, il aurait dû enchaîner le concours du réseau Sciences Po (transformé en admission sur dossier), puis l’épreuve d’option grec et deux épreuves de langues, elles aussi annulées.
Mais passée l’euphorie, certains se sont découverts attachés au bac. Ce « totem » national devait connaître en 2020 sa dernière cuvée avant une réforme d’ampleur qui instaure 40 % de contrôle continu dans la note finale. « J’ai été très mitigée en apprenant la nouvelle », avoue Serena, en terminale S au lycée Louis-Le-Grand, à Paris (5e arrondissement). « Je suis contente de ne pas avoir à réviser, et en même temps… on devait vivre ce moment tous ensemble, et on ne le vivra pas. »
Les élèves de terminale « s’attendaient » à l’annonce d’un « aménagement », qu’ils jugeaient « inévitable ». Mais il arrive au terme d’une année pour le moins chahutée et laisse à certains un sentiment général de gâchis. « C’était le seul examen qui pouvait nous préparer à ceux de l’enseignement supérieur, s’inquiète Anaïs, en terminale ES au lycée Théophile-Gautier de Tarbes. Même le bac blanc, on ne l’a pas passé, à cause des grèves. Ma terminale ressemble à une année de seconde. »
Stress des lycéens
D’autres questions se sont rapidement posées. Quid de ceux dont la moyenne est un peu juste ? « Assez vite, dans l’après-midi de vendredi, les élèves ont fait leurs propres calculs pour savoir qui était admis, et qui allait au rattrapage », rapporte une enseignante d’histoire-géographie qui a souhaité garder l’anonymat. Les professeurs principaux ont tenté d’estimer quels élèves auraient « besoin d’être accompagnés », soit vers le rattrapage, pour ceux dont la moyenne se situe entre 8/20 et 9,9/20, soit pour tenter un virage serré au troisième trimestre.
« Même le bac blanc, on ne l’a pas passé, à cause des grèves. Ma terminale ressemble à une année de seconde », affirme Anaïs, en terminale ES
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