Confinement : l'évaluation des étudiants au cœur des enjeux des établissements

Amélie Petitdemange Publié le
Confinement : l'évaluation des étudiants au cœur des enjeux des établissements
Désormais, les établissements du supérieur réfléchissent aux conditions des examens à distance. // ©  PLAIN PICTURE / DEEPOL
Depuis le 16 mars 2020, toutes les universités françaises ont fermé leurs portes en raison de la pandémie de coronavirus qui touche le pays. Plusieurs solutions existent pour adapter les sessions d’examens à cette situation.

"La semaine dernière s’est concentrée sur les enseignements. Maintenant, il faut se saisir très vite de la question des examens. Nous pouvons les adapter, à condition de prévenir les étudiants suffisamment en avance, au moins deux semaines avant l’épreuve", affirme Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip), lors d’un webinaire dédié aux examens, organisé fin mars.

Le gouvernement a publié le 27 mars une ordonnance qui autorise les universités à adapter les épreuves des examens. "Ces adaptations peuvent porter, dans le respect du principe d'égalité de traitement des candidats, sur leur nature, leur nombre, leur contenu, leur coefficient ou leurs conditions d'organisation, qui peut notamment s'effectuer de manière dématérialisée", précise l'ordonnance. Ces dispositions sont applicables jusqu'au 31 décembre 2020.

Examen en ligne, report ou annulation

Plusieurs solutions s’offrent aux établissements : reporter leurs examens, les annuler au profit du contrôle continu, ou bien les remplacer par un examen en ligne ou un devoir à la maison.

Remplacer les examens par le contrôle continu nécessite un vote des instances à distance. "Grace à l’ordonnance de décembre 2014, vous pouvez organiser des instances collégiales à distance", rappelle Anne-Sophie Barthez à l'attention des établissements. Quant au report fin juin, cela implique de repousser les vacances d’été.

"Il faut reporter certains examens mais pas la totalité. Même si les universités vont rouvrir, je ne suis pas sûr qu’on puisse tout de suite mettre 300 étudiants dans la même salle", souligne Gérard Casanova, expert numérique chez Aunege (association des universités pour le développement de l’enseignement numérique en économie et gestion).

Nombreuses possibilités d’évaluation en ligne

Les formations mettent en place des solutions au cas par cas suivant leurs types de diplômes. L’évaluation en ligne est possible sous de nombreuses formes : devoirs en ligne en temps limité, quiz en ligne, épreuves orales par visioconférence, examens télésurveillés avec l’application Zoom…

Les examens en ligne peuvent être synchrones pour les petites promotions, mais il semble préférable d'opter pour des examens asynchrones si les promotions sont plus importantes. Il faudra aussi adapter l’évaluation, en évitant par exemple les questions dont les réponses se trouvent facilement sur internet.

Une des préoccupations des professeurs face à ces nouvelles modalités d’évaluation est la capacité à tricher. Les examens surveillés en direct sont dans ce cas une bonne solution. L’identité de l’étudiant, son environnement de travail et ce qui est ouvert sur son ordinateur est contrôlé. Cela dit, ils demandent du matériel (webcam, smartphone…) et coûtent plus chers. Un autre type de contrôle se cantonne à photographier les étudiants à intervalle régulier.

Autre possibilité : appeler au hasard un certain pourcentage d'étudiants pour qu’ils expliquent comment ils ont répondu à telle ou telle question. Il est aussi possible de réaliser des quiz en temps limité avec des questions tirées aléatoirement et des réponses qui ne sont pas dans le même ordre.

"Le principe à adopter, c’est la bienveillance"

"Cela dit, ne perdons pas en tête qu’en présentiel il y a aussi des possibilités de triche", tempère Gérard Casanova. "Les étudiants sont très stressés de ne pas savoir comment vont se dérouler leur année et leurs examens. Le principe à adopter, c’est la bienveillance", ajoute l’expert.

A Sorbonne Université, 400 examens ont été réalisés en ligne dans le cadre de la formation à distance (FOAD) en 2019. Un chiffre qui a doublé par rapport à l’année précédente. "Ces examens sont menés de façon synchrone avec ceux en présentiel. La modalité que j’ai testée, c’est un sujet qui s’affiche sur l’écran mais une rédaction sur papier. L’étudiant scanne ensuite son devoir avec son smartphone et le télécharge sur le site. Durant l’épreuve, ils se filment avec leur webcam afin d’être surveillés", explique Sabine Bottin-Rousseau, directrice FOAD à Sorbonne Université. "Une solution flexible et peu coûteuse" selon elle, mais qui nécessite une connexion internet stable afin de garantir l’égalité entre les étudiants.

Quel que soit le type d’examen en ligne choisi par le professeur, quelques principes sont à respecter selon elle. Tout d’abord, faire un sondage auprès des étudiants pour savoir qui est favorable à ce mode d’évaluation. Ensuite, leur faire signer un formulaire de consentement pour les données personnelles qui seront collectées. Et enfin, faire passer un examen blanc à distance pour tester le matériel.

Amélie Petitdemange | Publié le