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Coronavirus : les commerces « non essentiels » entre espoir et colère

Si les commerces de centre-ville, dits « non essentiels », peuvent entrevoir une reprise d'activité à partir du 11 mai, les enseignes des centres commerciaux n'ont, à ce stade, aucune perspective de réouverture. Et la colère monte à l'encontre des gestionnaires de centres réticents à différer le paiement des loyers.

Pas moins de 180 dirigeants de chaînes de magasins et d'enseignes franchisés dénoncent dans une tribune le comportement des plus grandes foncières de centres commerciaux.
Pas moins de 180 dirigeants de chaînes de magasins et d'enseignes franchisés dénoncent dans une tribune le comportement des plus grandes foncières de centres commerciaux. (Eric Gaillard/Reuters)

Par Antoine Boudet

Publié le 15 avr. 2020 à 07:09Mis à jour le 15 avr. 2020 à 08:11

Tandis que les commerces alimentaires, et quelques autres qualifiés par le gouvernement d'« essentiels » comme les tabac-presse, n'ont pas cessé de servir leurs clients malgré les conditions difficiles qu'impose l'épidémie de Covid-19, la plupart des boutiques et des chaînes de magasins ont dû baisser leur rideau voilà déjà un mois, dès le début du confinement. Commerçants et gérants de points de vente attendaient avec impatience l'intervention d' Emmanuel Macron lundi 13 avril.

L'annonce d'une sortie progressive du confinement à partir du 11 mai a pu en soulager certains, sous réserve de précisions sur les conditions qui leur seront imposées pour la réouverture. Elle a aussi exacerbé la colère de ceux qui, locataires des centres commerciaux fermés jusqu'à nouvel ordre, se heurtent à des bailleurs semblant faire la sourde oreille à leurs difficultés. C'est ainsi que pas moins de 180 dirigeants de groupes de distribution, de franchisés, d'enseignes et de fédérations ont signé une tribune, publiée ce mardi sur Lesechos.fr, appelant les bailleurs à « aujourd'hui prendre part à l'effort collectif pour sauver les 2,6 millions d'emplois du commerce ».

Absence totale de compréhension

Dans ce texte, les signataires - parmi lesquels se trouvent, entre autres, But, Fnac Darty, Galeries Lafayette, Etam, Yves Rocher, Maisons du Monde, Sport 2000, etc. - soulignent qu'« alors que chacun prend sa part, les représentants des bailleurs, au premier rang desquels le Conseil national des centres commerciaux, demandent aux commerçants de payer leurs loyers, alors même que nos magasins sont contraints de fermer. Cette position témoigne d'une absence totale de compréhension de l'ampleur de la crise ». S'ils reconnaissent néanmoins que « certains bailleurs, petits et grands, ont compris la gravité de la situation et ont décidé d'annuler les loyers », ils constatent que « la grande majorité s'y refuse, notamment les plus puissants… ceux qui pourtant en ont les moyens ».

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Ce que dénonce avec une plus grande virulence encore Roland Beaumanoir, le président du groupe Beaumanoir, dans une lettre adressée au président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, que « Les Echos » ont pu consulter : « Je suis en guerre contre ces profiteurs qui ne proposent que des solutions, où ils ne font que différer leur rente financière au prix de faillites retentissantes chez les commerçants et leurs salariés », écrit ainsi le patron breton.

Faire des efforts

Le gouvernement a manifestement anticipé ce mouvement de colère. « On parle beaucoup des banques qui doivent faire des efforts, des assureurs… Il y a les grandes foncières aussi qui doivent faire des efforts », a en effet déclaré ce mardi sur RMC le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. « Les grandes foncières peuvent et doivent faire plus pour aider ceux qui ne peuvent pas payer leurs loyers aujourd'hui », a insisté le locataire de Bercy, annonçant pour cette semaine des discussions entre le secteur et le gouvernement.

Quant aux commerces de centre-ville « non essentiels » , ils entrevoient leur réouverture avec, à la fois, une lueur d'espoir et une pointe d'inquiétude. L'espoir de voir des clients franchir à nouveau la porte de leurs boutiques dans le cadre d'une sortie progressive du confinement, et l'inquiétude de savoir si ceux-ci se presseront d'y faire leurs courses et comment les vendeurs devront les accueillir. A défaut de davantage de précisions à ce stade, les commerçants peuvent toujours observer ce qui se passe ailleurs en Europe.

Préparer la reprise

Comme à Vienne, la capitale autrichienne parmi les premières villes européennes à lever les restrictions d'ouverture des commerces non-alimentaires, après que l'Autriche a été l'un des premiers pays de l'UE à avoir sommé ses habitants de rester chez eux. Plusieurs magasins ont ainsi mis en place des règles strictes, rapporte l'AFP : un tabac barre l'entrée de son local et sert les passants à l'extérieur, un opticien demande aux clients de sonner et seule une partie du magasin est accessible, tandis que dans une boutique de téléphonie mobile, les employés ont assorti leurs gants à leur costume et portent un badge « poignée de main interdite ». Ailleurs, des affiches illustrées expliquent que « faire des courses ne doit pas être une sortie en famille ».

Les magasins auront fort à faire à leur réouverture pour redonner aux courses cet aspect convivial qui fait le plaisir de lécher les vitrines et de fouiller dans les rayons.

VIDEO. Emmanuel Macron annonce la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai

Antoine Boudet

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