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Les coiffeurs redémarreront doucement après le confinement

Les 85.000 coiffeurs sont fermés jusqu'au 11 mai minimum. Le secteur est un maillon essentiel du marché de la cosmétique, dont il représente 15 % des ventes. En soutien à leurs clients, dont une majorité de TPE, leurs fournisseurs, de L'Oréal à Eugène Perma, ont suspendu leurs factures. Mais la reprise s'annonce difficile.

Deuxième secteur de l'artisanat, les coiffeurs accueillent un million de clients par jour pour un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros.
Deuxième secteur de l'artisanat, les coiffeurs accueillent un million de clients par jour pour un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros. (Yuri Smityuk/TASS/Sipa USA/SIPA)

Par Dominique Chapuis

Publié le 14 avr. 2020 à 10:35Mis à jour le 14 avr. 2020 à 14:26

Yann Barthès qui se plaint à l'antenne de ses cheveux trop longs, des séances de coupes en famille partagées sur les réseaux sociaux, les coiffeurs manquent cruellement dans le paysage. « On sent que tout le monde a envie de nous retrouver, car chacun est attaché à son coiffeur. C'est un métier de proximité, et de bien être, nous avons tous hâte de retrouver nos ciseaux. » Christophe Doré, 36 ans de métier, est le premier vice-président de l'Union nationale des entreprises de coiffure (Unec).

Comme les 65.000 salons de l'Hexagone , les siens, situés à Bolbec et Harfleur en Seine-Maritime, sont portes closes, et les 25.000 coiffeuses à domicile confinées au moins jusqu'au 11 mai. La situation est d'autant plus compliquée qu'il s'agit en majorité de TPE. « Plus de 50 % des coiffeurs travaillent seuls, reprend Christophe Doré. Toutes nos entreprises ont droit au fonds de solidarité de 1.500 euros, dès lors qu'elles ont moins de dix employés, et un chiffre d'affaires inférieur à 1 million d'euros. » En plus de charges fixes, ces experts des ciseaux doivent payer leurs fournisseurs pour les colorations et autres shampoings.

Des créances gelées

Leurs salons sont un acteur essentiel du marché de la cosmétique, dont ils représentent 15 % des ventes. Deuxième secteur de l'artisanat, les coiffeurs accueillent un million de clients par jour. Avec un chiffre d'affaires de 6 milliards et 190.000 actifs.

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La solidarité avec leurs fournisseurs a joué dès le départ. L'Oréal a très vite gelé « l'ensemble de leurs créances jusqu'au redémarrage de l'activité ». Tous les autres groupes, Henkel (Schwarzkopf), ou Wella (Coty) ont suivi.

C'est aussi le cas d'Eugène Perma, une ETI familiale (93 millions d'euros), quatrième du marché français. « C'est un secteur qui nécessite toute notre attention, souligne Didier Martin, son président, également à la tête du syndicat des fournisseurs (SFFC). Cette activité à l'arrêt, nous avons perdu 40 % de notre chiffre d'affaires. » Fondé il y a 100 ans, le groupe est connu pour Eugène Color, première marque de coloration, et les soins Pétrole Hahn. Le reste de ses ventes est réalisé via la grande distribution, pour laquelle son usine de Reims tourne à plein régime. « Il y a eu une accélération au début du confinement, puis un reflux, reprend le dirigeant. En fin de compte, nos volumes devraient rester stables avec les grandes et moyennes surfaces. » 

Les lignes de production pour les salons ont été reconverties pour fabriquer du gel hydroalcoolique. Et tous les prélèvements prévus de créances stoppés pour « soulager les coiffeurs ». Une newsletter (12.000 abonnés) et un mail ont été mis en place pour répondre à leurs questions.

Une reprise sous contrôle

Tous sont inquiets des conditions de la reprise. Un guide des bonnes pratiques est à l'étude à l'Unec, pour voir comment le métier va évoluer après le confinement. Les clients chevelus devront s'armer de patience pour une coupe fraîche. « Le nombre de personnes sera limité, avec peut-être pas plus de 3 clients en même temps pour respecter les mesures barrière, souligne Christophe Doré. Les coiffeurs ne pourront donc pas répondre vite à la demande, ni remplir les caisses. » Pour éviter que la liste d'attente ne s'allonge, « l'extension des horaires d'ouverture est en question, avec même des nocturnes et une activité six jours sur sept », relève Didier Martin. 

Pour les fournisseurs, rattraper les ventes perdues est illusoire. Car faire ses racines une fois par mois, c'est suffisant. Les coiffeurs s'inquiètent toutefois de la disponibilité de produits à la réouverture. « Quand on va tous vouloir des couleurs, il va y avoir un embouteillage, les petits salons pourront-ils être livrés comme les grands ? », s'alarme le premier vice-président de l'Union nationale des entreprises de coiffure. Les stocks sont là rassurent les entreprises. Reste à savoir combien de ces nombreux auto-entrepreneurs seront encore aux ciseaux.

Dominique Chapuis

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