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Diby, femme de ménage, pose pour un portrait à l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val de Marne, le 10 avril 2020. Lucas Barioulet pour Le Monde
LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »

Coronavirus : invisible et essentielle, l’armée de l’ombre des hôpitaux

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Publié le 15 avril 2020 à 06h33, modifié le 15 avril 2020 à 13h38

Temps de Lecture 9 min.

Deux agents de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) sont morts, jeudi 9 avril. Les deux premiers décès dus au Covid-19 au sein du personnel de cette gigantesque structure hospitalière – 39 établissements, 100 000 employés. Ils n’étaient ni médecins, ni infirmiers, ni aides-soignants. L’un était électricien à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), l’autre était vaguemestre à Bichat (Paris 18e). En plus de mettre en lumière une fonction méconnue – le vaguemestre est le responsable du courrier –, la triste nouvelle a souligné à quel point l’hôpital était, plus qu’un groupement de soignants, une ville dans la ville.

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« Un hôpital, c’est une centaine de métiers », explique Catherine Vauconsant, directrice du centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV), perché sur une colline à cheval sur l’Essonne et le Val-de-Marne, où l’on perçoit mieux, ces temps-ci, le chant des oiseaux normalement recouvert par le bruit des avions d’Orly, et le rôle essentiel du personnel non médical : « La crise sanitaire a révélé un certain nombre de gens en support des professions du soin, et le fait que les uns ne peuvent pas vivre sans les autres. »

Le Monde s’est rendu au CHIV – 32 lits de réanimation, tous pleins – pour rencontrer ceux auxquels les citoyens confinés applaudissant à leurs fenêtres à 20 heures ne pensent pas forcément, ceux qui ne portent pas de blouses blanches, mais qui prennent soin des soignants, ceux qui sont partout mais que les patients ne croisent que furtivement, ne devinent que de loin, ou ne voient pas. Il faut parfois explorer les sous-sols de l’hôpital pour trouver ceux qui turbinent dans leurs entrailles, rouages invisibles et essentiels d’un moteur qui ne tournerait pas sans eux.

Caverne d’Ali Baba

L’hôpital ne fonctionnerait pas sans Thierry Ancien, responsable de l’approvisionnement pour les services de soins, qui œuvre au cœur d’une mini-zone industrielle collée à l’arrière de l’hôpital. Toute la journée, des camions y déchargent les palettes de blouses, de masques, de gants ou de draps qu’il a commandés, matériel à usage unique dont la consommation a explosé depuis le début de la crise. Un stock de blouses qui durait deux semaines s’évapore désormais en une journée, leur prix est passé de 20 centimes à 4,68 euros l’unité.

Un employé nettoie une poubelle dans l'espace à ordure de l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val de Marne, le 10 avril.
Amine Brick, transporteur, achemine du matériel au bloc opératoire de l'hôpital.

Thierry Ancien multiplie les coups de fil et combat le stress de la commande qui n’arrive pas, la rupture de stock est parfois évitée de quelques heures. « On est comme tout le monde, on est aux abois, on cherche partout. » Un samedi, un agent de l’hôpital a dû rouler jusque chez un fournisseur de secours en Belgique pour chercher les tabliers et les ponchos à usage unique qui menaçaient de faire défaut.

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