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Ecole à la maison : « Les enfants vont perdre deux mois d’école, peut-être plus, est-ce vraiment un drame ? »

Le chercheur en sciences de l’éducation Benoît Urgelli invite à considérer cette période particulière « à l’échelle de toute une scolarité ».

Propos recueillis par 

Publié le 15 avril 2020 à 14h00

Temps de Lecture 3 min.

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Entretien. Benoît Urgelli est chercheur en sciences de l’éducation à l’université Lyon-II et administrateur de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) du Rhône et de la métropole de Lyon. Il revient, après un mois de confinement et d’« école à la maison », sur la « continuité pédagogique ».

Après un mois de confinement, quel bilan peut-on tirer de la « continuité pédagogique » ?

Les familles font de leur mieux, même si elles s’inquiètent beaucoup de la manière dont seront gérées les inégalités, voire les injustices, de l’enseignement à la maison. Certains parents sont en télétravail, d’autres ont des fratries nombreuses ou des enfants en situation de handicap, d’autres encore ont des difficultés à comprendre les attentes des enseignants.

L’autre source d’inquiétude, c’est la perte du lien entre les élèves, en particulier les adolescents, pour qui la socialisation entre pairs est essentielle. De nombreuses familles rapportent que leurs ados se sentent déprimés et ont du mal à se mettre au travail – y compris parce que les attentes des enseignants sont très diverses et pas toujours bien coordonnées. Cela semble mettre en difficulté beaucoup de jeunes.

Qu’est-ce que cet épisode nous apprend sur le fonctionnement de la communauté éducative ?

Le confinement et la demande de continuité pédagogique créent une situation exceptionnelle dans l’histoire de l’école française, où l’école s’immisce à la maison, et la maison à l’école ! C’est à la fois instructif et dangereux. Dangereux parce que les parents qui se mettent corps et âme à faire tout ce que les enseignants demandent perdent parfois patience, et exercent une forme de violence éducative sur leurs enfants. La méconnaissance réciproque de ces deux univers – qui se croisent aujourd’hui par la force des choses – peut être source de difficultés psychologiques pour les enfants.

Néanmoins, la délégation d’une partie de la tâche aux parents, qui est sous-entendue dans l’idée de « continuité pédagogique », peut être intéressante. Traditionnellement, tout ce qui touche à la pédagogie scolaire appartient à l’enseignant, et n’a pas à être discuté. Or en ce moment, les parents s’autorisent de plus en plus à adapter les méthodes proposées, en intégrant les attentes des enseignants.

De l’autre côté, les professionnels sont directement aux prises avec la diversité et la complexité des situations familiales. La « différenciation pédagogique » – le fait d’adapter une méthode d’apprentissage à un enfant – s’impose donc au même moment, aussi bien aux parents qu’aux enseignants. On a de plus en plus d’exemples de collaborations rapprochées entre parents et enseignants, qui se téléphonent pour échanger sur la manière dont l’enfant apprend. On est vraiment au cœur de la « coéducation ». Ce principe, inscrit dans les compétences des enseignants, prend corps avec le confinement. Il faut espérer que nous en tirerons des leçons pour faire évoluer les pratiques, lorsque les écoles rouvriront.

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