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Le spectre du décrochage pèse sur les étudiants en licence

Nombre d’enseignants s’inquiètent d’avoir perdu le lien avec leurs étudiants de première et deuxième année, les plus vulnérables face au décrochage.

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Publié le 17 avril 2020 à 01h20, modifié le 17 avril 2020 à 11h26

Temps de Lecture 5 min.

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« Bonjour monsieur j’espère que vous allez bien ainsi que vos proches. Les choses se compliquent pour moi. Ma cousine vient de décéder du coronavirus, je n’ai pas du tout la tête pour effectuer un devoir je m’excuse », écrit le 9 avril Djamila (tous les prénoms ont été modifiés), étudiante en première année à l’université Paris-8 Vincennes Saint-Denis. Depuis l’annonce de la fermeture des établissements du supérieur, mi-mars, Stéphane Bonnéry, professeur en sciences de l’éducation, n’a plus de nouvelles d’environ un tiers de ses étudiants en licence. Parmi eux, il y avait Djamila, et une dizaine d’autres qui travaillent en tant que caissières pour payer leur logement ou contribuer au budget familial.

Alors qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer, lundi 13 avril, le maintien de la fermeture des universités aux étudiants jusqu’à la fin de l’été, avec des modalités d’évaluation à distance en cours d’élaboration dans les établissements, l’inquiétude reste forte chez les universitaires, face à ce public fraîchement arrivé sur les bancs de la fac.

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Sur son écran, Stéphane Bonnéry scrute les réponses à ses courriels, notamment celui qui porte sur « les conditions d’études » de ses 70 étudiants de première et troisième année de licence. Avec « un contrat de travail dans un magasin alimentaire, vous imaginez qu’en cette période de crise nous sommes énormément sollicités, il est donc difficile de réaliser un devoir chez moi car j’y suis très peu », lui écrit Marie.

« Il y aurait long à dire sur les possibilités réelles de la continuité pédagogique dans l’enseignement supérieur, commente l’enseignant-chercheur. Un autre type d’injustice se cumule malheureusement. » Dans le département de la Seine-Saint-Denis, où se situe l’université, l’Insee a relevé début avril une hausse de 63 % de la mortalité en une semaine.

Dans cette configuration inédite, beaucoup d’étudiants s’accrochent pour ne pas lâcher leur année d’étude. Ceux qui avaient pour habitude de travailler à la bibliothèque pour rester concentrés sont retournés dans leurs pénates, mais la vie familiale empiète sur tout le reste. En l’absence d’ordinateur chez ses parents, Fabio, en première année d’histoire à Rennes, a tenté plusieurs fois de rédiger ses devoirs sur son smartphone. « C’est à s’arracher les cheveux de faire ça sur une dizaine de pages, je n’y arrive plus », confie-t-il.

« Ils ont acté la fin de leurs études »

Depuis le 16 mars, Jean-François Perez, psychologue à l’université d’Avignon, a ouvert une permanence téléphonique ou par visioconférence. Mais il n’a reçu qu’une trentaine d’appels, « soit 40 % de moins que mon activité normale à cette période de l’année, calcule-t-il. Ceux qui ont disparu ont acté la fin de leurs études puisqu’ils n’ont même plus le contact humain grâce auquel ils parvenaient à tenir. » A Avignon, petite université de 7 000 étudiants dont près de 60 % de boursiers, « le passage en fac est thérapeutique pour certains jeunes. Là c’est fini, ils ne peuvent même plus vivre cela », poursuit le psychologue, qui se dit « très inquiet » pour eux.

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