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« 25 % des restaurants sont menacés de fermeture définitive » : les restaurateurs inquiets après la prolongation du confinement

Alors que dans son allocution du 13 avril, le président a annoncé que la réouverture des restaurants n’était pas à l’ordre du jour, un quart des établissements pourrait mettre la clé sous la porte. En première ligne, les petits restos « à la française », du gastro à la bistronomie.

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Publié le 14 avril 2020 à 10h54, modifié le 08 juillet 2021 à 11h37

Temps de Lecture 7 min.

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Un restaurant fermé à Nice, le 14 avril.

Cela faisait sept ans qu’ils économisaient pour que leur restaurant voie le jour. Le 18 janvier, Vanessa et Elis Bond ouvraient près du quartier Pigalle, à Paris, Mi Kwabo, un établissement exigu, tout juste assez grand pour poser quatorze couverts et se régaler d’une cuisine africaine très inspirée. Tout a d’abord souri au jeune couple : la presse, dithyrambique, a salué le « jeune talent » Elis, déjà distingué par le Gault & Millau, et la clientèle a commencé à affluer pour savourer un manioc en trois façons ou une banane plantain rôtie au poivre sauvage de Madagascar. « On avait des réservations jusqu’en mai », se souvient Vanessa Bond. Le confinement a fauché les restaurateurs dans leur élan.

« Nous n’avions pas commencé à faire des plats à emporter, et c’est devenu trop compliqué à lancer lorsque la crise est arrivée, regrette Elis Bond. Sans véhicule, sans masque, il était de toute façon impossible de travailler dans de bonnes conditions. Donc nous avons tout arrêté. » Reste pour les entrepreneurs à négocier avec des fournisseurs – eux-mêmes en difficulté – ce qu’il reste à régler, et avec le propriétaire de leur local, pour s’acquitter d’un loyer de 2 400 euros par mois.

Pris à la gorge, le couple s’octroie tout juste 100 euros par semaine pour faire les courses. « Si on peut reprendre l’activité en juin, on pourra tenir… mais sinon, il faudra lâcher », assume le chef. Fort de ses deux mois d’expérience, ce battant ne désespère pas cependant d’ouvrir un autre lieu « plus beau et plus grand ». Mais ce sera beaucoup plus tard.

« En 2008, les banques, mais aussi le secteur de l’assurance qui possède des banques, ont bénéficié de la solidarité des Français. J’en suis fier. Mais je serais fier aussi qu’aujourd’hui les assurances fassent preuve de solidarité », Stéphane Manigold restaurateur à Paris

La tornade qui secoue Mi Kwabo est violente. Mais derrière ce cas particulier, c’est toute une profession qui serre les dents en attendant le déconfinement. Tout début mars, un restaurateur parisien nous confiait déjà : « On a eu les “gilets jaunes”, les manifs contre la réforme des retraites, maintenant les touristes chinois disparaissent… Ça va être dur de sortir la tête de l’eau. » Certains, déjà fragilisés avant la crise, comme la chaîne de restauration allemande Vapiano, qui sert des spécialités italiennes, ont déposé le bilan.

« Pour moi, 25 % des restaurants sont menacés de fermeture définitive, estime Jacques Bally, le président du guide Gault & Millau. Les quelque 180 000 établissements qui servent des prestations alimentaires en France ont des profils très divers. La restauration collective, par exemple, va vivre des moments difficiles, mais résister, car elle est adossée à de grands groupes. En revanche, le petit resto “à la française”, du gastro à la bistronomie, tous les chefs installés sans associés financiers ont un risque de mettre la clé sous la porte. Je pense aussi aux affaires familiales des petites communes, parfois enclavées, qui sont mises en très grande difficulté. Quand un couple vit sur le même établissement et que son activité est suspendue pendant plus d’un mois, c’est un désastre. »

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