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Coronavirus : les avocats fragilisés par une justice à l’arrêt

A court de trésorerie, certains avocats envisagent de déposer le bilan. L’incompréhension gagne face à la lenteur du redémarrage du service public de la justice.

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Publié le 24 avril 2020 à 14h00, modifié le 24 avril 2020 à 16h50

Temps de Lecture 5 min.

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La polémique entre avocats et magistrats est partie comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux jusqu’à faire sortir de leur réserve Chantal Arens, première présidente de la Cour de cassation, et François Molins, avocat général. Ils ont dénoncé, jeudi 23 avril, dans un communiqué, les propos « particulièrement insultants » et « inexacts » tenus par trois avocats dans une tribune publiée la veille par Mediapart.

« Ils devraient intervenir dans l’urgence pour sauver des familles que le confinement déchire, protéger des enfants battus. Au lieu de quoi ils se terrent ! », écrivent Matteo Bonaglia, Anis Harabi et Dominique Tricaud, qui accusent les juges de « désertion ». Au contraire, rétorquent les deux hauts magistrats, « les cours et tribunaux, grâce au dévouement des magistrats et des fonctionnaires, continuent d’assurer les missions essentielles de la justice en temps de crise et de protéger les libertés individuelles ».

De fait, la justice pénale d’urgence fonctionne dans les 164 tribunaux judiciaires du pays, dans le cadre de plans de continuité d’activité mis en place dès l’annonce du confinement, le 16 mars. Pour le reste de l’activité judiciaire, c’est-à-dire l’essentiel, l’arrêt est total. De quoi provoquer des tensions dans certaines juridictions et des difficultés financières chez les avocats...

« Quand on veut, on peut ! »

« Je ne facture actuellement que 10 % de ce que je fais habituellement », constate Eve Thieffry, avocate au barreau de Lille. Avec son associé, ils ont mis en chômage technique leur secrétaire et notifié à l’un de leurs deux avocats collaborateurs la rupture de son contrat à l’issue d’un préavis. Lui n’aura pas droit au chômage. « Au début, je comprenais l’arrêt des juridictions, mais, passé le temps de la sidération, j’attendais qu’une organisation se mette en place. Les facteurs ont repris le travail, les livreurs aussi, mais au tribunal de Lille, rien du tout. »

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Mme Thieffry s’étonne par exemple que, pour le contentieux des étrangers, « qui n’a pourtant rien de vital », les juges acceptent de fonctionner par e-mail et le tribunal de tenir des audiences avec juges, greffiers et les avocats du préfet et du justiciable. « Cela montre que quand on veut, on peut ! Pourquoi cela serait-il impossible pour d’autres contentieux ? », interroge-t-elle.

Une femme à qui la Caisse d’allocations familiales a signifié la prochaine suspension de ses droits, à moins qu’elle apporte sous deux semaines la preuve qu’elle a assigné le père pour une pension, a fait appel aux services de Mme Thieffry. Mais aucune assignation ne peut être délivrée en ce moment. « En plus de l’inquiétude économique pour mon cabinet, j’ai le sentiment de ne plus servir à grand-chose », se désespère l’avocate, après vingt ans de métier.

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