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« Une immense déception » : le coronavirus a bouleversé les plans des candidats aux « Sciences Po »

La suppression du concours d’entrée dans les instituts d’études politiques, au profit d’une sélection sur les notes du lycée, a pris de court ceux qui se préparaient aux épreuves depuis des mois.

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Publié le 28 avril 2020 à 05h00, modifié le 28 avril 2020 à 22h05

Temps de Lecture 8 min.

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Enquête. Pour Solène, étudiante niçoise de 19 ans, le monde s’est écroulé le 24 mars 2020, une semaine après le début du confinement. Elle révisait dans sa chambre la biographie d’Edward Snowden, « un bon truc à exploiter pour le thème du secret », au programme du concours des instituts d’études politiques (IEP), quand sa mère est entrée. « Elle avait une tête d’enterrement. Elle me tend son téléphone et me dit : Solène, je crois que ton concours est annulé. Le choc. J’ai éclaté en sanglots. Ça faisait deux ans que je m’y préparais. Depuis, je passe par des périodes de colère, de tristesse. Mes parents sont déçus pour moi. Mon père est révolté. »

En cette fin avril, le concours des sept « Sciences Po » de région aurait dû rassembler près de 10 000 candidats dans des salles d’examens à Lyon, Rennes, Lille ou Toulouse. Le coronavirus a tout bousculé. Cette année, l’admission ne se jouera pas sur la qualité de copies anonymes traitant de la « notion de mémoire nationale » ou de la « puissance diplomatique chinoise », produites un même samedi de printemps sur des tables espacées d’un mètre.

Un algorithme créé en urgence

Face à l’impossibilité de déployer cette mise en scène de la méritocratie républicaine tout en respectant le calendrier de Parcoursup, les instituts ont décidé de sélectionner en fonction de notes des bulletins de 1re et terminale, moulinées par un algorithme créé en urgence. Des résultats qui jusqu’ici n’étaient pas pris en compte : le concours mettait les compteurs à zéro. Si une poignée d’excellents élèves s’en réjouissent, pour la majorité, la pilule a du mal à passer.

Pour comprendre l’enjeu, il faut mesurer l’intense compétition qui se joue à l’entrée de ces écoles universitaires, devenus hyperattractives et sélectives depuis le début des années 2000. En 2019, seulement 14 % des postulants avaient décroché une place à ce concours, ouvert aux bacheliers de l’année et à ceux de l’année précédente (ces derniers représentent deux tiers des admis). Beaucoup commencent à s’y préparer dès la 1re , et après le bac y consacrent une année supplémentaire dans une prépa, en parallèle d’une licence, ou en candidat libre, avec parfois l’appui de cours en ligne, examens blancs, stages pendant les vacances, coachs… Tous les moyens sont bons pour se démarquer dans cette compétition.

« Quand vous vous préparez de manière intense à des Jeux olympiques et qu’on vous annonce au dernier moment que ceux-ci sont annulés, et que ce sont les épreuves d’entraînement qui vont compter, forcément c’est douloureux », admet Pierre Mathiot, le directeur de l’IEP de Lille, et porte-parole du concours commun. La déception est à la hauteur des attentes et des sacrifices consentis. « Il existe une forte croyance dans les titres offerts par les concours, comme s’ils étaient des garanties de réussite absolues… Ces attentes démesurées reflètent une vraie peur du déclassement social dans certaines familles », observe Pierre Mathiot.

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