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La réouverture des écoles se heurte à des réalités locales complexes

Le gouvernement a publié ce week-end le protocole sanitaire que devront respecter écoles, collèges et lycées avant de rouvrir. Les règles sont très strictes. Elles risquent de se heurter à des difficultés concrètes pour les directeurs d'écoles et chefs d'établissement, même si l'exécutif cherche à faciliter la tâche des maires pour les inciter à aller de l'avant.

« Il faut ne jamais avoir visité une école ancienne pour savoir que le couloir, on ne va pas le changer en l'espace de quinze jours ! » avait réagi jeudi, le président de l'Association des maires de France, François Baroin, devant les députés.
« Il faut ne jamais avoir visité une école ancienne pour savoir que le couloir, on ne va pas le changer en l'espace de quinze jours ! » avait réagi jeudi, le président de l'Association des maires de France, François Baroin, devant les députés. (AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 3 mai 2020 à 16:23Mis à jour le 3 mai 2020 à 23:04

Pour faciliter la réouverture des écoles, le gouvernement a légèrement assoupli le protocole sanitaire à appliquer. La version définitive de celui-ci a été publiée dimanche. Les enseignants ne seront pas obligés de faire cours avec un masque, le nettoyage des écoles pourra être en partie allégé en recourant à des lingettes et les repas à prendre en classe ne sont plus l'option « privilégiée », contrairement aux règles encore envisagées il y a quelques jours . La « majorité des écoles rouvrira partout sur le territoire » le 11 mai, a promis le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, dans « Le Figaro ».

Les conditions restent néanmoins tellement strictes qu'elles pourraient conduire à un élargissement du service minimum d'accueil plutôt qu'à une véritable réouverture pour tous. Dans une lettre ouverte très virulente envoyée à Emmanuel Macron, et relayée par « La Tribune », plus de 300 maires d'Île-de-France, dont Anne Hidalgo, ont fait part de leur inquiétude vis-à-vis de la rentrée scolaire. Ils demandent « solennellement » à l'Etat de repousser la réouverture des écoles à une date ultérieure. « Nous ne voulons brusquer personne, a réagi l'Elysée, dimanche soir, dans « Le Parisien », en insistant sur le « volontariat des parents » et le « volontariat des communes si elles ne sont pas en capacité d'assurer la sécurité sanitaire ». L'Elysée dit vouloir « laisser aux maires le temps de se préparer » et assure que « dès le début, ce processus a été pensé pour être progressif et concerté.»

Pas de réouverture large

Les obstacles à une large réouverture sont nombreux. Dans les écoles comme dans les collèges, les quinze élèves par classe annoncés par le gouvernement ne pourront pas être respectés partout, en raison de la distanciation d'un mètre entre les élèves. « On sera plutôt sur des groupes de huit à dix élèves », prédit Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement. Si les agents pour nettoyer les classes sont trop peu nombreux, seul un nombre restreint de classes sera disponible. A Paris, les 652 écoles parisiennes pourront ne pas toutes rouvrir, a prévenu Patrick Bloche, adjoint au maire.

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Eviter que les élèves ne se croisent va aussi être très compliqué, pointe l'Association des maires de France : « Il faut ne jamais avoir visité une école ancienne pour savoir que le couloir, on ne va pas le changer en l'espace de quinze jours ! » avait réagi jeudi, son président, François Baroin, devant les députés.

Du côté des régions, rien n'est simple non plus. Le président de la région Normandie, Hervé Morin, a indiqué ce dimanche dans « Le Parisien » qu'il ne « compte pas rouvrir les portes des lycées début juin ». Mais le président de Régions de France, Renaud Muselier, n'est pas du tout sur cette ligne. François Bonneau, président délégué de l'association, pointe le problème des transports scolaires : « On n'achète pas un car en claquant des doigts. On ne trouve pas une armée de chauffeurs supplémentaires […] en deux minutes. »

« Rassurant »

Pour inciter les maires, le gouvernement s'apprête à assouplir leur responsabilité juridique . Cela sera « beaucoup plus rassurant pour les maires et plus entraînant pour les parents », parie François Baroin, qui pense ainsi passer de « 40 à 45 % de parents » aujourd'hui prêts à remettre leurs enfants à l'école, à « 50 à 55 % autour du 12 mai, voire davantage si ça se passe bien ».

Mais il faudra convaincre les syndicats. « Le 11 mai, c'est non », a déjà dit la principale organisation du primaire, le SNUipp-FSU. « Impossible et inacceptable », a protesté le SE-Unsa. FO insiste sur le risque de « double travail » pour les enseignants s'ils doivent suivre certains élèves physiquement, et d'autres à distance. Et pour la FCPE, principale fédération de parents d'élèves, « l'Etat n'est pas en capacité d'assurer une rentrée dans de bonnes conditions pour tous ».

S'ajoutent à cela des inquiétudes liées aux enfants qui présentent les symptômes inflammatoires graves de la maladie de Kawasaki. Ils font dire à Jean-Michel Blanquer : « C'est typiquement le genre de sujet qui pourrait nous amener à réviser notre montée en puissance. Tout peut être toujours remis en cause. »

Marie-Christine Corbier

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