L'université Paris 13 change de nom pour développer son attractivité internationale

Amélie Petitdemange Publié le
L'université Paris 13 change de nom pour développer son attractivité internationale
Le campus de l'université Sorbonne Paris Nord, connue auparavant sous le nom de Paris 13. // ©  Sorbonne-Paris Nord
L’université Paris 13 célèbre ses 50 ans cette année. À cette occasion, son président Jean-Pierre Astruc nous parle de l’avenir de l’université, fraîchement rebaptisée Université Sorbonne Paris Nord.

Paris 13 s’est rebaptisée Université Sorbonne Paris Nord en janvier. Pourquoi ce changement de nom ?

Quand nous parlions de Paris 13, les gens nous voyaient dans le 13e arrondissement, ils ne comprenaient pas. Nous voulions aussi nous positionner pour l’avenir. Nous avons donc fait trois propositions aux étudiants et au personnel et celle-ci a recueilli plus de 50% des votes.

Jean Pierre Astruc
Jean Pierre Astruc © Photo fournie par le témoin

Ce nom permet une meilleure attractivité à l’international, et nous développons plusieurs projets dans ce sens. Pour attirer plus d’étudiants étrangers, nous avons par exemple besoin de plus de formations en anglais. Sur trois licences pilotes, nous créons les mêmes cursus en anglais. Et les étudiants français suivront 30% de leur formation dans les cursus anglais, afin qu’ils gagnent aussi en compétences.

Nous nous développons aussi dans les pays francophones, avec l’ouverture d’un campus à Fès, au Maroc, en septembre. Il s’agira d’un niveau master et doctorat, avec des masters qui ont du succès chez nous, comme informatique, banque-finance et ingénierie médicale. L’idée est aussi de développer un axe en intelligence artificielle avec l’université de Fès.

Nous accueillerons à la fois des étudiants français et des étudiants du continent africain, avec un groupe de 25 étudiants pour chaque spécialité de master.

Votre université s’est alliée à six établissements européens : Helsinki (Finlande), Oslo (Norvège), Brasov (Roumanie), Malaga (Espagne), Würzburg-Schweinfurt (Allemagne) et Braga (Portugal) pour créer l’Alliance européenne 3IN (Integration-Inclusion-Involvment). En quoi consiste-t-elle ?

Nous voulions monter une alliance avec nos partenaires naturels en Europe (Italie, Pologne…) mais nous n’avons pas réussi à fédérer autour de notre projet qui alliait pluridisciplinarité et médecine. Nous avons donc pris contact avec une alliance qui avait déjà monté un dossier avec un thème qui nous plaisait : le développement d’un territoire dans sa diversité.

Si nous sommes sélectionnés par la Commission européenne, nous aurons trois ans pour construire des échanges entre nos universités. Des masters communs verront le jour, un master européen sur la santé publique sera notamment créé. L’objectif à long terme, c’est que l’étudiant s’inscrive à l’université européenne puis se rende dans tous les campus des partenaires.

Vous êtes président depuis mai 2016. Quelle a été la réalisation la plus forte de votre mandat ?

Nous avons développé nos liens avec le territoire et favorisé l’inclusion. Par exemple, nous donnons des cours gratuits de français et de numérique aux habitants de Villetaneuse et de Bobigny. Ce sont les villes qui communiquent sur ces cours et qui sélectionnent les participants. Nous accueillons 20 à 25 adultes dans ces programmes. Nous avons aussi favorisé l’accès à la culture des étudiants, avec par exemple des billets gratuits pour l’opéra.

Le fait d’être en banlieue a inscrit l'inclusion dans notre ADN

Tous nos masters sont d’ailleurs professionnalisants plutôt que tournés vers la recherche.

Les élections ont été reportées à cause du contexte sanitaire. Quand auront-elles lieu ? Êtes-vous candidat à votre réélection ?

Dans le contexte de cette crise sanitaire sans précédent qui nous contraint à un confinement total, nous avons bien sûr reporté les élections des conseils centraux. Nous réfléchissons actuellement à deux scénarios qui se préciseront dans les semaines à venir.

Quoi qu'il en soit, je ne me représenterai pas. Quatre ans c’est long, compliqué et épuisant. Il y a beaucoup de travail, sans compter les conflits à gérer.

Quatre candidats sont en lice : Benoit Berthou, mon vice-président Monde économique ; Marie-Christophe Boissier, un médecin ; et deux ex-candidats : Christophe Fouqueré, un informaticien ; et Samuel Mayol, directeur de l’IUT de Saint-Denis.

Qu'avez-vous mis en place pour assurer la continuité de l'université pendant l'épidémie de coronavirus ?

Nous échangeons tous les jours avec le ministère de l'Enseignement supérieur et nous avons un plan de continuité d'activité. Nous allons développer le télétravail pour le personnel, avec 100 nouveaux postes. C’est essentiel de maintenir le travail administratif pour assurer la continuité pédagogique. Les cours seront accessibles en ligne mais cette solution pourra durer quelques semaines, pas tout un semestre.

Concernant la recherche, c'est plus complexe pour la recherche expérimentale. En maths c’est opérationnel, mais en physique ou en biologie on ne risque pas de faire du télétravail. La limite réside dans la recherche en laboratoire.

Amélie Petitdemange | Publié le