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A resercher from the Sys2Diag laboratory, of the biotechnology company SkillCell, holds a EasyCov fast-acting saliva-based test shows yellow reagent negative at the Covid-19 disease, on April 30, 2020, in Montpellier, southern France. - The EasyCOV fast-acting saliva-based test will be used by healthcare professionals and works with the reagents at a temperature of 65°C for 30 minutes after collecting the saliva sample, test results are read through colorimetric analysis. (Photo by Sylvain THOMAS / AFP)
SYLVAIN THOMAS / AFP

Comment le Covid-19 chamboule la recherche scientifique

Par , , , et
Publié le 04 mai 2020 à 19h00, modifié le 06 mai 2020 à 16h11

Temps de Lecture 19 min.

« Avez-vous pris connaissance de notre communiqué de presse sur cette annonce majeure ? » Le SMS, reçu lundi 27 avril à 13 h 30, a été envoyé par le directeur de la communication de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en personne. Le document est arrivé moins d’une heure plus tôt dans notre boîte e-mail, avec un titre alléchant : « Le tocilizumab améliore significativement le pronostic des patients avec pneumonie Covid moyenne ou sévère. »

Mais le court texte n’apporte aucune donnée chiffrée sur l’ampleur des résultats obtenus avec ce médicament, un immunomodulateur habituellement utilisé dans la polyarthrite rhumatoïde. Le communiqué précise juste que les résultats de l’essai clinique vont être soumis à une revue scientifique, et qu’ils devraient être confirmés de manière indépendante par des essais supplémentaires.

« Compte tenu du contexte de la pandémie, les chercheurs et le promoteur se sont sentis obligés, d’un point de vue éthique, de communiquer ces informations, en attendant l’examen par les pairs tout en continuant le suivi plus long de ces patients », justifie l’AP-HP.

A 14 heures, un « brief presse » virtuel commence, introduit par le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, qui explique que c’est « probablement la première démonstration, dans des conditions contrôlées d’un essai randomisé, de résultats encourageants sur le pronostic de patients ayant une forme sévère de la maladie Covid ».

En vingt minutes, pas moins de sept universitaires impliqués dans cette étude, appelée Corimuno, prennent la parole. Moindre mortalité chez les patients traités avec ce médicament, réduction de la durée du séjour en réanimation ? Aucune précision n’est donnée, mais l’opération de communication est un succès dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Croire sur parole

L’étude en question est effectivement de haut niveau (depuis plusieurs semaines, nous sommes en contact avec plusieurs de ses investigateurs). Mais à ce stade, il faut croire l’AP-HP sur parole, puisqu’il n’y a aucune publication scientifique, ni même prépublication, ce qui explique l’absence de résultats chiffrés dont la primeur est réservée aux relecteurs de l’article.

Depuis des semaines, une partie de la communauté scientifique reproche au microbiologiste Didier Raoult les lacunes méthodologiques de ses études sur l’hydroxychloroquine, mais aussi son mode de communication direct, par des vidéos et des communiqués de presse de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection livrés avant toute publication. L’AP-HP aurait-elle été séduite par les méthodes tapageuses du franc-tireur marseillais ?

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