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La filière automobile fait le forcing pour son plan de relance

D'abord annoncées pour septembre, les mesures de soutien au secteur, notamment pour l'achat de véhicules neufs, pourraient finalement être annoncées dès le mois de juin. Les acteurs de la filière réclament des décisions le plus rapidement possible pour éviter des faillites. 

Selon un industriel, « même dans les pays ou les concessions rouvrent ou sont restées ouvertes, la reprise qui se dessine est très molle. Le risque est que l'activité soit soutenue pendant deux mois, le temps d'écluser les commandes enregistrées avant mars, puis qu'elle s'effondre ensuite ».
Selon un industriel, « même dans les pays ou les concessions rouvrent ou sont restées ouvertes, la reprise qui se dessine est très molle. Le risque est que l'activité soit soutenue pendant deux mois, le temps d'écluser les commandes enregistrées avant mars, puis qu'elle s'effondre ensuite ». (Mario FOURMY/SIPA)

Par Lionel Steinmann, Anne Feitz

Publié le 5 mai 2020 à 17:39Mis à jour le 5 mai 2020 à 18:00

Le gouvernement n'envisage pas de lancer son plan de relance de l'économie avant la rentrée, mais ce tempo ne convient pas du tout à l'industrie automobile, qui fait le forcing pour obtenir un soutien public dès que possible. Au point que des mesures ciblées à l'horizon du mois de juin ne sont plus à exclure.

Mercredi dernier, lors de son audition devant l'Assemblée nationale, Bruno Le Maire avait affiché clairement la position de l'exécutif : pour organiser « le temps de la relance économique », il importe « que nous prenions un peu de temps, afin de se poser, réfléchir et tracer des orientations politiques », avait plaidé le ministre de l'Economie. Le futur plan, qui comportera le soutien à des secteurs spécifiques comme l'automobile, « sera enclenché à partir de la rentrée 2020, pas avant ».

Une coordination indispensable au niveau européen

Outre la volonté de ne pas confondre vitesse et précipitation, Bruno Le Maire avait mis l'accent sur la nécessaire coordination européenne : « Rien ne serait pire que d'avoir la France qui prend certaines dispositions pour son plan de relance, et l'Allemagne qui ne prendrait pas des dispositions similaires ».

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Une petite minorité d'acteurs soutient ce calendrier, jugeant qu'une énième prime à l'achat ne ferait que reculer les problèmes et déstabiliser le marché. Mais pour une grande partie de la filière, déjà déçue de ne pas avoir obtenu la possibilité de rouvrir les concessions avant le 11 mai, il est inconcevable d'attendre septembre.

« Les risques d'une vague de défaillance »

Il y a quelques jours, le président de la Plate-forme automobile (PFA), Luc Chatel, souhaitait dans une interview aux « Echos » « des décisions rapides, dans les jours à venir, afin que l'on soit prêt pour le 11 mai. » Le gouvernement n'étant pas sur cette ligne, la PFA est revenue à la charge au lendemain des déclarations de Bruno Le Maire, avec un communiqué soulignant « l'urgence d'un plan de relance […] face aux risques très préoccupants d'une vague de défaillances d'entreprises. »

Un industriel enfonce le clou : « Même dans les pays ou les concessions rouvrent ou sont restées ouvertes, la reprise qui se dessine est très molle. Le risque est que l'activité soit soutenue pendant deux mois, le temps d'écluser les commandes enregistrées avant mars, puis qu'elle s'effondre ensuite ».

Ne pas pousser les clients à l'attentisme

Le CNPA, qui regroupe les services liés à l'automobile, demande de la même manière « un plan de sauvegarde des entreprises qui puisse être accepté à très court terme, d'ici à l'été. » Si la sortie de crise est trop molle, les TPE et PME n'auront pas les reins assez solides pour atteindre l'automne, explique en substance l'organisation.

En outre, pour les concessionnaires, promettre des mesures pour septembre est contre-productif. « C'est le meilleur moyen de pourrir nos ventes d'ici là ! Si je veux acheter une voiture, j'ai tout intérêt à attendre pour bénéficier de la prime. Pour nous, c'est la pire des situations », avance Jérôme Daumont, président du groupe Altaïr, qui regroupe des concessions Renault et Nissan.

Un calendrier qui évolue

Les discussions se sont-elles intensifiées en coulisse ce week-end ? Lundi, Bruno Le Maire a en tout cas infléchi sa position en indiquant sur France Inter qu'il lancerait cette semaine la réflexion sur le plan de soutien à l'automobile , qui pourrait contenir des « soutiens à la consommation pour des véhicules électriques et propres ». Avec des décisions qui pourraient être prises dès le mois prochain.

Du côté du gouvernement, on assure que la ligne reste la même. Il ne faut pas confondre plan de relance et mesures de soutien spécifiques, explique-t-on en substance à Bercy. Si le besoin s'en fait sentir, des décisions dans ce second domaine pourront être avancées. Mais ce ne sera pas sans contrepartie, et ce ne sera pas « open bar », affirme-t-on au ministère. Le secteur est prévenu.

La principale difficulté, dans cette accélération du calendrier, consistera à assurer la concertation avec les principaux pays européens. Les industriels sont eux aussi convaincus qu'un plan coordonné à l'échelle européenne serait bien plus efficace. Mais trouver un accord en quelques semaines sur un sujet aussi sensible paraît une gageure.

Lionel Steinmann, avec Anne Feitz

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