En quelques jours, le ton a changé. Dimanche 3 mai, 332 maires de communes d’Ile-de-France (sur les 1 268 que compte la région), dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, ont signé une lettre ouverte au président de la République, publiée sur le site du journal La Tribune, exigeant le report de la rentrée des écoles primaires, fixée au 11 mai. Quatre jours plus tôt, le 30 avril, de nombreux élus s’étaient dits satisfaits d’avoir enfin un « cadre » pour préparer le déconfinement scolaire : le protocole sanitaire de l’éducation nationale, dont le contenu avait commencé à circuler parmi les syndicats enseignants dans la soirée du 29 avril.
Mais, dimanche, les mots sont plus durs : les maires franciliens dénoncent un « calendrier intenable et irréaliste » pour la réouverture des écoles, dans un contexte de « directives mouvantes ». Ils accusent l’Etat d’un « désengagement (…) en matière d’éducation et de santé ».
Pourquoi ce changement de ton ? « Au début, on était satisfaits d’avoir un cadrage », explique Philippe Rio, le maire (PCF) de Grigny (Essonne), signataire du texte. « Et puis on a mis nos équipes au travail, et on s’est rendu compte, heure après heure, que c’était intenable. » Entre jeudi et dimanche, les élus échangent sur leurs boucles Whatsapp, rapporte un maire francilien. L’inquiétude monte « en quelques heures à peine ». Décision est prise d’adopter une « position tranchée », à l’initiative de Stéphane Beaudet, maire d’Evry-Courcouronnes (Essonne) et président de l’Association des maires d’Ile-de-France.
Dans cette lettre au chef de l’Etat, les élus dénoncent ainsi plusieurs niveaux de difficulté. D’abord, un calendrier « à marche forcée », à l’heure où la carte des départements « rouges » et « verts » peut encore évoluer jusqu’au 7 mai, et alors que certaines communes ignorent encore quels seront leurs effectifs d’élèves, d’enseignants, et même de personnels communaux.
Les élus reprochent au gouvernement de leur déléguer la responsabilité « juridique, politique et morale » de la réouverture des écoles – et dénoncent ce qui leur apparaît comme des incohérences : le plan de déconfinement scolaire, tel qu’annoncé par le premier ministre, Edouard Philippe, mardi 28 avril, prévoit un retour « sur la base du volontariat ». Mais avec l’objectif de lutter contre le décrochage… « Nous ne comprenons pas comment il est possible de concilier l’objectif de volontariat et de pallier les inégalités sociales et territoriales », rétorquent les élus, qui réclament que le gouvernement définisse les publics prioritaires « en suivant un impératif de justice et d’équité ». Enfin, les maires franciliens regrettent de devoir appliquer des mesures sanitaires drastiques sans avoir les moyens supplémentaires nécessaires.
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