Chacune à leur rythme, les universités mettent fin au suspense en annonçant le mode d’évaluation des étudiants pour le second semestre, amputé par le confinement. Et les choix se révèlent très différents d’un bout à l’autre du territoire. « C’est kafkaïen de voir se dérouler des négociations ardues, établissement par établissement, alors qu’on est tous dans les mêmes conditions et qu’il devrait y avoir des règles nationales », regrette Jaspal De Oliveira Gill, élue étudiante à Paris-I-Panthéon-Sorbonne.
Dans son université, les débats sont si vifs depuis la mi-avril qu’aucun accord n’a été trouvé. Votée à une courte majorité, une motion favorable au « 10 sur 20 améliorable » pour tous préconisé par le syndicat étudiant UNEF a suscité l’ire du président de l’établissement. « Pourquoi pas 12 ou 16 sur 20, lâchons-nous !, s’exclame Georges Haddad. La note plancher est illégale car ce n’est pas une modalité de contrôle des connaissances. Je me suis renseigné auprès du ministère [de l’enseignement supérieur] mais aussi auprès du Conseil d’Etat et cela risquerait d’invalider tous les jurys d’examen. »
Neutralisation du semestre interdite
A Montpellier, toutes les inquiétudes de Sophie, étudiante en licence de lettres et langues, se portent désormais sur les partiels : QCM, dossier, devoir maison, exposé par le biais d’un outil de visioconférence… « Je n’ai pas un seul examen qui va se passer de la même façon », explique-t-elle. Le 15 avril, après six heures de réunion du conseil des études et de la vie universitaire, « la validation et la neutralisation du semestre ont été refusées en bloc par les enseignants et la présidence », rapporte le Syndicat de combat universitaire de Montpellier, qui plaidait pour l’application d’un cadre unique favorable à tous les étudiants.
« Si cette neutralisation avait été adoptée par l’ensemble des universités, alors nous aurions suivi, même si demeurait le problème de l’échec à venir pour les étudiants qui n’ont pas le niveau, justifie Julien Vidal, vice-président de l’université Paul-Valéry à Montpellier. Notre expérience de 2018, où notre établissement a connu de longues semaines de blocage, nous a été bénéfique puisque les collègues savaient qu’une évaluation à distance était faisable. »
Tardivement, la parole de la ministre de l’enseignement supérieur a coupé court à toute velléité de « neutralisation » du semestre envisagée par des universités pour tenir compte des inégalités de connexion Internet et des conditions de travail entre étudiants.
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