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Coronavirus : la Normandie compte relocaliser des productions industrielles

Dans la perspective du futur contrat de plan Etat-Région et alors que la crise sanitaire montre les insuffisances de l'appareil productif français, Hervé Morin président de la Région Normandie, a annoncé jeudi 30 avril à Val-de-Reuil (Eure) son intention de muscler l'industrie normande. Sanofi ou Fareva avancent déjà des projets précis dans les principes actifs de médicaments.

Une unité de production de principes actifs chez Fareva.
Une unité de production de principes actifs chez Fareva. (Valdepharm)

Par Claire Garnier

Publié le 30 avr. 2020 à 09:29Mis à jour le 4 mai 2020 à 10:55

La Normandie lance un pavé dans le débat sur la relocalisation de la production en France provoqué par la pandémie. C'est rien de moins qu'une nouvelle politique industrielle qu'Hervé Morin, président de la Région a appelé de ses voeux jeudi 30 avril alors que son territoire normand est déjà fortement industriel avec 19 % des emplois relevant du secteur. 

Invoquant les « limites de la capacité de notre appareil industriel à fournir des produits en réponse à la crise sanitaire », Hervé Morin a confié jeudi 30 avril une mission à Bernard Leroy. Ce dernier préside la Communauté d'agglomération Seine-Eure (103.000 habitants) qui accueille 40 groupes internationaux et abrite 15.000 emplois industriels.

« Cette nouvelle politique industrielle sera déclinée au travers des contrats de plan Etat-Région en mobilisant les fonds européens », confie Bernard Leroy. « Avec les différents pôles de compétitivité, nous allons nous occuper des secteurs fragilisés par la crise, comme l'aéronautique, tout en identifiant les opportunités à développer, en particulier dans la santé ». C'est un sujet qu'il connaît bien pour avoir facilité l'accueil ou le développement - entre Louviers et Val-de-Reuil des groupes comme Johnson & Johnson, Sanofi-Pasteur ou une filiale du groupe familial Fareva.

C'est sur ce site de Val-de-Reuil qui fabrique avec 523 salariés des produits pharmaceutiques et des principes actifs qu'Hervé Morin a évoqué son ambition industrielle. Bernard Fraisse, le très discret PDG-fondateur de Fareva (1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires) explique « aux Echos » voir d'un bon oeil que les « pouvoirs publics encouragent les industriels à fabriquer en France » après la « prise de conscience » de la perte d'indépendance européenne, notamment en matière de principes actifs et de médicaments, qui, à plus de 60 % sont fabriqués en Asie.

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1 à 2 ans pour les matières actives

Il faudra, selon lui, « compter 1 à 2 ans pour commencer à rapatrier la fabrication de matières actives en Europe ». Il estime aussi que les industriels devront être « accompagnés financièrement pour produire en Europe ». De son côté Philippe Luscan, vice-président exécutif de Sanofi en charge des affaires industrielles, prévient qu'il va falloir « intégrer le critère de production en Europe dans la fixation du prix du médicament ». Autant de chantiers institutionnels qui ne relèvent pas des prérogatives de l'exécutif régional. 

En attendant, le groupe Sanofi, qui fait exception en produisant 80 % de ses principes actifs, planche sur la création d'une filiale dédiée à la fabrication de ces molécules en Europe pour des clients tiers. « Le principe actif dans le médicament, c'est aussi stratégique que le moteur de la voiture » martèle Philippe Luscan, qui pilote le projet.

La nouvelle société doit réunir les activités de principes actifs de six usines européennes dont deux françaises travaillant déjà pour des tiers, Vertolaye (Puy-de-Dôme) et Saint-Aubin-les-Elbeuf, en Seine-Maritime. A en croire Philippe Luscan, le site normand de 325 salariés cristallise « le savoir-faire technologique » français. « C'est la plus grosse capacité au monde de fermentation de souches de bactéries pour la fabrication d'antibiotiques ». Une expertise qui figurera sans doute dans le rapport que Bernard Leroy remettra à Hervé Morin en octobre 2020.

Claire Garnier  (Correspondante à Rouen)

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