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Déconfinement: un retour à l’école semé d’embûches

Des enfants à Issoire (Puy-de-Dôme), samedi. Richard BRUNEL/PHOTOPQR/LA MONTAGNE/MAXPPP

Distanciation sociale, droit de retrait des enseignants, gel et masques, cantines… À une semaine du déconfinement prévu, les inconnues se multiplient.

À une semaine de la reprise de l’école, le président Macron se rend ce mardi dans une école de Poissy (Yvelines), qui accueille depuis le début du confinement des enfants de soignants. Alors que dimanche, 316 maires de la région Île-de-France ont demandé le report de la réouverture des écoles, le chef de l’État doit montrer une certaine souplesse, tout en maintenant son plan de déconfinement. Mais à J-6, les inconnues se multiplient. Et laissent les familles dans l’incertitude.

● Quelles écoles rouvriront? Et pour qui?

Selon le plan de déconfinement présenté le 28 avril par le premier ministre, les écoles rouvriront «très progressivement» le 11 mai, «partout sur le territoire», indépendamment donc, des zones rouge et verte. Lorsque le protocole sanitaire publié dimanche par l’Éducation nationale ne pourra être respecté, «l’école ne rouvrira pas», a précisé le ministre de l’Éducation, qui estime dans le même temps que «la majorité» rouvrira. Sur le terrain, c’est une équation à multiples inconnues qui se pose. Qui sera présent, parmi les élèves, les enseignants et les agents des collectivités qui assurent les temps périscolaires et du déjeuner? Comment s’organisera-t-on? Ici ou là, la situation varie du tout au tout. Alors que le protocole prévoit des groupes de 15 élèves, la commune de Lamorlaye (Oise), l’un des premiers foyers de Covid en France, les a réduits à 5.

Qui seront les élèves accueillis en priorité? Probablement pas les tout-petits de maternelle, où le protocole sera difficile à tenir. En élémentaire, des écoles privilégient le CP et le CM2 - des «paliers» importants de la scolarité - quand d’autres ont renoncé à l’idée de niveau et pensent en termes de public prioritaire. À Paris, où l’on estime que seuls 10 % des élèves pourront être accueillis la première semaine, la maire prévoit une priorité, au moins pendant les trois premières semaines, pour les enfants de certaines professions (personnels de santé, enseignants, commerçants, transports publics…), de familles monoparentales et les élèves décrocheurs.

» À voir aussi - Retour à l’école: la rédactrice en chef du Figaro Étudiant détaille le dispositif prévu selon les niveaux

● Les professeurs absents seront-ils nombreux?

«Tout le monde sera au travail», répète Jean-Michel Blanquer. Mais certains professeurs travailleront à distance. Les directeurs d’école et chefs d’établissement estiment à 20-30 % la part de personnels absents, en raison de leur état de santé ou de la vulnérabilité d’un membre de leur entourage. Une proportion qui peut grimper à 50 % dans des établissements situés dans des zones fortement touchées par l’épidémie.

Alors que le retour en classe approche, il est de plus en plus question, chez les enseignants, d’user du«droit de retrait». Un droit qui permet aux agents publics de se retirer en cas de «danger grave et imminent». Mais dans sa circulaire du 7 mars, le ministère de l’Éducation a déjà précisé que, dans le contexte du Covid, ce droit ne pourrait s’exercer que «de manière tout à fait exceptionnelle et après examen des situations au cas par cas». Les organisations syndicales pointent la «responsabilité» renvoyée sur les enseignants et collectivités locales. Le Snuipp, premier syndicat du primaire, a déposé une «alerte sociale» pour le 11 mai. Le Snes, majoritaire dans les collèges et lycées, rédige un «guide» à l’adresse de ses troupes et «réfléchit» à un préavis de grève.

● L’enseignement privé, plus souple?

L’autonomie des établissements privés sous contrat est un indéniable atout dans cette reprise «progressive» de l’école, assujettie à des impératifs locaux. «Nous n’aurons certainement pas 100 % des écoles ouvertes la semaine prochaine, mais c’est l’objectif», résume Philippe Delorme, secrétaire général à l’enseignement catholique. La reprise sera progressive «pour s’assurer que les conditions sanitaires sont réunies, mais aussi rassurer les équipes». Ces équipes feront leur rentrée sur un à deux jours. Comme partout, les profs sont inquiets. «Mais nous avons la chance de travailler au sein d’une communauté éducative soudée, notamment avec notre association de parents (Apel)», ajoute Philippe Delorme.

Le droit de retrait des enseignants ne pourra s’exercer que de manière tout à fait exceptionelle et après examen des situations au cas par cas.

Le ministère de l’éducation dans sa circulaire du 7 mars

● Les masques seront-ils là?

«Nous avons acheté les millions de masques nécessaires. Ils seront là à partir du 11 mai», a promis le ministre. Mais en ce début de semaine, certains établissements, ne voyant rien venir, s’interrogent. Le ministère s’engage à mettre à disposition de ses agents en contact direct avec les élèves deux masques par jour. Selon le protocole, le masque est «obligatoire dans toutes les situations où les règles de distanciation risquent de ne pas être respectées», et «recommandé» dans toutes les autres. Pour les élèves, il est à proscrire en maternelle, pas recommandé en élémentaire, et obligatoire dans le secondaire quand les règles de distanciation ne peuvent être respectées. Lorsque les masques seront facilement accessibles à la population, les parents devront équiper leurs enfants. En attendant, le ministère va en fournir aux collèges et lycées.

● Et la cantine?

Le Conseil scientifique avait recommandé pour les élèves des repas «dans la salle de classe à leur table», «si cela est possible», pour éviter les déplacements. Le protocole publié par le ministère a pris le parti inverse: en cas d’impossibilité de restauration à la cantine, le déjeuner pourra se faire «en salle de classe sous la surveillance d’un adulte et sous forme de plateaux ou de paniers repas». Dans les cantines et les réfectoires, il faudra «limiter au maximum les files d’attente». Directeurs d’école et chefs d’établissement prédisent déjà un temps de cantine très long. À condition que le service de restauration, assuré par les collectivités, puisse fonctionner.

● L’oral du bac de français, toujours prévu?

«À ce stade», a dit le ministre, pas question de déprogrammer l’oral du bac de français, prévu fin juin pour les élèves de première. Sujet d’inquiétude pour ces lycéens, le maintien de cette épreuve est unanimement dénoncé par les syndicats d’enseignants. «En plus de la question des conditions sanitaires» se pose la question de «la préparation pédagogique des élèves», écrivent-ils dans une lettre écrite au ministre, le 29 avril.

» À voir aussi - Oral du bac français: «Pour l’instant, il est maintenu au mois de juin» affirme Sophie de Tarlé

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334 commentaires
  • vieuxsnoop

    le

    Le Conseil scientifique avait recommandé pour les élèves des repas «dans la salle de classe à leur table», «si cela est possible», pour éviter les déplacements. Le protocole publié par le ministère a pris le parti inverse: en cas d’impossibilité de restauration à la cantine, le déjeuner pourra se faire «en salle de classe sous la surveillance d’un adulte et sous forme de plateaux ou de paniers repas»= ou voyez-vous une contradiction? c'est bien la même chose, et c'est ce qui va se faire notamment dans les établissement privés...évidemment, dans le public il faut que les "travailleurs syndiqués" réfléchissent, s'organisent, se bougent , bref, fassent un effort...inacceptable bien entendu ! droit de retrait, arrêt maladie, bref l'éternelle panoplie des courageux du service public...honte à eux

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