Faut-il les renvoyer à l’école ? Les garder à la maison ? Attendre un peu de voir, et les mettre éventuellement en juin, ou renoncer à la perspective d’une rentrée avant septembre ? A quelques jours de la réouverture, très progressive, des établissements scolaires du premier degré, ces questions taraudent des centaines de milliers de parents.
Il y a les indécis. Comme Florian (toutes les personnes interrogées ont requis l’anonymat), 32 ans, dont la fille est en grande section de maternelle dans une école du Val-de-Marne. Mercredi 6 mai, lui et son épouse n’avaient pas encore répondu au questionnaire envoyé en début de semaine par la directrice pour organiser la reprise. « Elle nous a donné jusqu’à ce soir pour lui dire si on souhaitait qu’elle revienne à l’école. En deux jours, on a changé d’avis dix fois ! Finalement, je crois qu’on va lui dire qu’on la garde jusqu’à fin mai, et après on verra. » Sa femme étant infirmière, et donc considérée comme faisant partie du « personnel indispensable à la gestion de la crise sanitaire », ils sont placés pourtant sur la liste des familles prioritaires pour un retour à l’école, aux côtés des élèves en situation de handicap et ceux en risque de décrochage scolaire, selon la circulaire du ministère de l’éducation nationale en date du 4 mai. Mais Florian, qui travaille dans la fonction publique, a la possibilité de rester à la maison pour garder leur fille sans perte de salaire, une « sacrée chance », reconnaît-il.
« Protocole très angoissant »
Ce n’est pas le cas de Camille, 40 ans, habitante de Rennes, qui est en télétravail depuis le début du confinement. Mère de deux enfants respectivement en petite section de maternelle et en CE1, représentante des parents d’élèves, elle aussi « est passée par toutes les phases » depuis la fermeture des classes il y a près de huit semaines. Convaincue au départ des bienfaits d’un retour à la vie scolaire, elle a déchanté en découvrant les modalités de réouverture de l’école maternelle. « J’ai pleuré en lisant le mail », confie-t-elle. « Le protocole décrit par la direction de l’établissement, qui n’en est évidemment pas responsable, est très angoissant pour beaucoup de parents. Il faut prendre la température des enfants chaque matin, les déposer un à un devant l’école sans pouvoir entrer, on ne peut pas les récupérer à midi…, énumère-t-elle. C’est tellement triste, on s’est dit que ce n’était pas la peine dans ces conditions. » Elle gardera donc sa fille à la maison et s’organisera tant bien que mal pour le travail. Pour son fils, qui rêve de retrouver ses camarades de classe, elle « se tâte encore ».
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