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Culture : Macron offre une « année blanche » aux intermittents

Pour secourir la culture, paralysée par la pandémie, Emmanuel Macron a annoncé un grand plan de commandes publiques artistiques, un fonds d'indemnisation des tournages annulés, un soutien financier au CNM ou des aides en fonds propres pour les petites structures indépendantes du spectacle vivant. Aux intermittents, il demande de s'impliquer dans l'éducation artistique et culturelle des scolaires et des jeunes cet été.

Emmanuel Macron a tenu à annoncer lui-même l'année blanche accordée aux intermittents.
Emmanuel Macron a tenu à annoncer lui-même l'année blanche accordée aux intermittents. (Gonzalo Fuentes/Pool/Reuters)

Par Martine Robert

Publié le 6 mai 2020 à 17:30Mis à jour le 7 mai 2020 à 02:51

Que le président de la République lui-même annonce son plan d'accompagnement pour la culture en dit long sur la place particulière qu'occupe en France ce secteur. « Nous avons bâti l'identité de la France sur la culture, la place des artistes », a rappelé en préambule Emmanuel Macron, dont la prise de parole laissait aussi augurer des annonces fortes. De fait, cette année blanche que les 130.000 intermittents, artistes et techniciens, du spectacle vivant, du cinéma, de l'audiovisuel, réclamaient haut et fort, leur a bel et bien été octroyée.

Avec les spectacles et tournages à l'arrêt, très peu d'intermittents pourront cumuler les 507 heures nécessaires à l'assurance chômage : leurs droits sont donc « prolongés d'une année », jusqu'à fin août 2021. Pour autant, Emmanuel Macron a promis qu'il n'avait pas signé un - gros - chèque en blanc. « Nous sommes l'un des pays qui fait le plus pour la culture ; on nous compare souvent à l'Allemagne, mais ce pays n'a pas l'intermittence. Alors moi je vais vous protéger, mais on va passer un pacte de confiance, je vais attendre beaucoup de vous », a-t-il déclaré, en se gardant bien toutefois d'évoquer une réforme de ce coûteux système.

« On va vous donner des heures pour créer. Il va falloir inventer une saison hors normes, profiter de la limitation des jauges pour aller chercher des publics qui ne venaient pas, ouvrir vos répétitions à des jeunes, imaginer des formes de création en lien avec l'éducation. Dès maintenant, les écoles vont rouvrir différemment et nous aurons besoin de votre énergie et de votre créativité pour nos enfants. » De même, « cet été, beaucoup d'adolescents ne pourront pas partir, il faudra en faire un été apprenant et culturel », a poursuivi le chef de l'Etat.

Emmanuel Macron a également annoncé un « grand programme de commandes publiques » visant particulièrement les « jeunes créateurs de moins de 30 ans », que ce soit dans les métiers d'art, le spectacle vivant, la littérature ou les arts plastiques.

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Réouvertures en ordre dispersé

Il a par ailleurs insisté sur la nécessité que « les lieux de création revivent », affirmant que dès le 11 mai beaucoup pourront reprendre leur activité : librairies, petits musées, disquaires, galeries d'art . Et même les théâtres qui, à défaut d'accueillir du public, pourraient « commencer à fonctionner et à répéter », précisant qu'un nouveau bilan serait fait fin mai-début juin.

Le Théâtre des Variétés, l'une des nombreuses salles parisiennes fermées.

Le Théâtre des Variétés, l'une des nombreuses salles parisiennes fermées.Martin Bureau/AFP

Fin mai, ce sera l'horizon d'une possible reprise des tournages, « au cas par cas », mais le Président s'est tout de même dit favorable à un fonds d'indemnisation pour les tournages annulés, avec l'aide du CNC, des Sofica, des Régions, des assureurs et des banques.

Alors que le rideau restera en France tiré jusqu'à nouvel ordre sur les cinémas, gros festivals et autres salles de concert - distanciation sociale oblige -, le Président n'a paradoxalement pas eu un mot pour les producteurs et organisateurs de spectacles privés, très impactés aussi par l'interdiction des rassemblements de plus de 5.000 personnes jusqu'à septembre, soulignant plutôt l'impératif de « préserver la diversité du tissu associatif et culturel » en l'accompagnant.

Force de frappe européenne

« Il faudra une aide adaptée, un apport de fonds propres avec la BPI pour que les petits festivals ne soient pas en risque d'être rachetés par de grandes majors, pour que les indépendants restent indépendants », a précisé le chef de l'Etat. Une vision très centrée sur le seul pan de la culture subventionnée - une tradition dans le secteur en France depuis André Malraux et Jack Lang - qui néglige une prise en compte plus industrielle de la filière.

Cela est d'autant plus étonnant qu'Emmanuel Macron a, dans le même temps, évoqué la nécessité de refinancer à hauteur de 50 millions d'euros le jeune Centre national de la musique , très fragilisé puisque ses ressources proviennent habituellement de taxes sur la billetterie des spectacles, en grande partie privés. Il a aussi souligné, paradoxalement, la nécessité de disposer d'une « force de frappe économique » de nos industries culturelles et créatives européennes « face à la concentration mondiale » et « aux prédateurs chinois et américains ».

Mais la vision « industrielle » de la culture en France se vérifie beaucoup plus dans le cinéma, le jeu vidéo ou la musique enregistrée, que dans le spectacle vivant : d'où la difficulté à voir émerger de grands champions tricolores dans ce domaine…

Martine Robert

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