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La France a perdu un demi-million d’emplois au premier trimestre

Selon l’Insee, après s’être contractée de 36 % en avril, l’activité ne baisse « plus » que de 33 %. 453 800 emplois ont été détruits, notamment à cause de la crise due au Covid-19.

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Publié le 07 mai 2020 à 11h54, modifié le 07 mai 2020 à 12h12

Temps de Lecture 3 min.

Au siège de l’Insee, en juin 2019.

L’activité économique connaît, à l’approche du déconfinement, un léger frémissement. La baisse de l’activité, qui était évaluée à 36 % le 9 avril n’est plus que de 33 %, relève l’Insee dans sa note de conjoncture publiée jeudi 7 mai. La mise en place des conditions de sécurité sanitaire sur les chantiers et dans le secteur de la production ont permis une certaine reprise. Parallèlement, les ménages ont consommé un peu plus qu’au début du confinement, effectuant des achats en ligne. A quelques jours du déconfinement, l’Insee, souligne néanmoins que « l’impact final négatif [sur la croissance] restera supérieur à 6 points de PIB annuel, car la reprise sera progressive ».

Ce fort recul de l’activité du pays s’est traduit par 453 800 destructions nettes d’emplois au premier trimestre, indique également l’Insee, soit une baisse de 2,3 % de l’emploi salarié. C’est l’intérim qui paie le plus lourd tribut, avec près de 300 000 postes supprimés, soit une baisse de 37 %. Le recul de l’emploi dans les services marchands est de 3,5 %, alors qu’il est beaucoup plus limité dans l’industrie (− 0,3 %), l’agriculture (− 0,5 %) et les services non marchands (− 0,4 %). Dans la construction, l’évolution est même positive, avec + 0,4 % d’emplois salariés. Avec ce choc au premier trimestre, lié au confinement intervenu le 17 mars, l’emploi salarié privé est revenu à son plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2017.

Des conditions à réunir

Dans ce contexte, comment se profile la reprise de l’activité après le 11 mai ? « Tout dépendra des conditions sanitaires », souligne Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee. « Cela va aussi dépendre de la manière dont les entreprises se comporteront en matière d’investissement et des ménages en matière de consommation. » La réouverture d’un certain nombre d’activités telles que l’hôtellerie, la restauration et tout ce qui a trait au tourisme, qui restent non autorisées alors qu’elles représentent environ 5 % de l’activité économique totale, est aussi l’un des éléments dont dépendra la vigueur de la reprise ces prochains mois.

Un retour immédiat à une activité normale, dès le 11 mai, aboutirait mathématiquement à un recul de l’activité de 13 % au deuxième trimestre.

Quoi qu’il en soit, l’hypothèse d’une baisse de la croissance de 8 % retenue par le gouvernement dans la loi de finances rectificative du 25 avril est-elle encore réaliste ? L’économiste Eric Heyer, directeur de la prévision à l’OFCE, apporte une réponse plus que réservée. Compte tenu de l’impact d’une semaine de confinement sur l’activité, le recul au deuxième trimestre − qui compte donc six semaines de confinement, du 1er avril au 11 mai –, sera bien plus important qu’au premier trimestre.

Un retour immédiat à une activité normale, dès le 11 mai, aboutirait mathématiquement à un recul de l’activité de 13 % au deuxième trimestre. Un retour plus lent à la normale, au 1er septembre, se solderait par un deuxième trimestre à − 26 %. « Pour atteindre − 8 % en moyenne annuelle en 2020, la croissance trimestrielle au cours du second semestre devrait donc être de 28 % ou, compte tenu du retour progressif à la normale de l’économie, de 35 % au troisième trimestre et 16 % au quatrième », souligne Eric Heyer dans une note publiée le mardi 5 mai sur le site de l’OFCE.

Pour atteindre un rebond d’une telle vigueur, il faudrait que plusieurs conditions soient réunies : que la consommation des ménages retrouve son niveau d’avant la crise ; que les ménages dépensent en outre la totalité de l’épargne qu’ils auront accumulée pensant le confinement, qui atteindra fin août 115 milliards d’euros ; et que les conditions sanitaires soient favorables, sans deuxième vague de contamination.

Des dirigeants « globalement pessimistes »

Ce scénario « idéal » avec un rebond extrêmement dynamique au second semestre ne semble pas être, par ailleurs, celui retenu par 1 130 dirigeants d’entreprise interrogés par l’institut Xerfi dans une enquête publiée lundi 4 mai. Si les dirigeants anticipent bien un redémarrage de leur activité à compte du 11 mai, ils sont « globalement pessimistes », note Xerfi, sur le dynamisme de la reprise. Près d’une société sur trois anticipe un retour à la normale à horizon de mi-octobre, soit six mois seulement après la sortie du confinement.

Une entreprise sur deux pense y parvenir à la mi-mars 2021. Pour que 90 % des structures soient revenues à la normale, il faut attendre mi-juillet 2021, soit quinze mois après la sortie du confinement. « Seuls l’industrie et le BTP se distinguent en faisant figure de précurseur avec trois à quatre mois d’avance sur les autres secteurs », note Xerfi qui estime qu’à ce stade, « c’est donc une reprise très lente qui se profile ».

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