Les organismes de formation en déconfinement

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Même s’ils ont poursuivi leur activité à distance, dans la mesure du possible, les organismes de formation n’ont pas pu ouvrir leurs portes depuis la 16 mars. A partir du 11 mai, ils pourront à nouveau accueillir du public, dans des conditions précises. Le ministère du Travail, en s’appuyant sur les travaux de la profession, a diffusé des lignes directrices pour un déconfinement réussi.

 

Une réouverture bienvenue

En avril, le président de la Fédération de la Formation professionnelle (FFP), Pierre Courbebaisse, estimait que le nombre de formations délivrées à distance avait doublé, voire triplé. Le nombre d’offres de formation à distance recensées sur « Mon Compte formation » (et donc finançables par le CPF) a augmenté de 70% (de 100 000 à 170 000), selon les chiffres du minstère du Travail. Comme les formations à distance représentent, selon Pierre Courbebaisse, 10% des prestations en temps normal, il estime que 70 à 75% du secteur s’est arrêté suite au confinement. Ces estimations au doigt mouillé devront bien sûr être confirmées et affinées : quelle part des formations non tenues a pu être reportée ? Quelle part correspond à des suppressions pures et simples ? Combien d’organismes de formation ne se relèveront pas de la crise ?

En attendant d’en savoir plus, la profession accueille avec un certain soulagement la réouverture des portes des organismes de formation, annoncée pour le 11 mai par la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Un soulagement mêlé d’inquiétude cependant : les stagiaires reviendront-ils ? Les employeurs les enverront-ils se former ? Comment assurer leur sécurité ? Qui sera responsable en cas de contamination ? Toutes les formations pourront-elles reprendre ? Les conditions posées seront-elles compatibles avec toutes les situations pédagogiques ?

Deux documents apportent des éléments de réponses à ces questions et encadrent les conditions dans lesquelles se passera cette réouverture :

 

Les conditions générales de sécurité et de prévention

Le protocole national s’adresse à l’ensemble des entreprises, et vise à « assurer la sécurité et la santé des salariés ». Les clients sont absents tu titre, mais sont bien mentionnés dans le texte !

La philosophie du document repose sur la hiérarchisation de 3 priorités, de la plus importante à la moins importante :

  • « éviter les risques d’exposition au virus » ;
  • « évaluer les risques qui ne peuvent être évités » ;
  • « privilégier les mesures de protection collective […] sur les mesures de protection individuelle ».

Les prescriptions portent sur tous les sujets suivants :

  • Les « gestes barrières» et les mesures de distanciation physique sont rappelés. Au-delà des précautions demandées aux individus (se laver les mains, ne pas se toucher le visage, jeter ses mouchoirs, tousser dans son coude, pas de poignée de mains ni de bises, pas de gants, surveiller sa température et rester chez soi en cas de symptômes), certaines mesures impliquent une organisation collective : maintenir 1 mètre entre chaque personne, aérer 15 minutes toutes les 3 heures, désinfecter les objets manipulés et les surfaces.
  • L’occupation de l’espace. Il faut compter 4 m² par personne. Il ne suffit pas de diviser la superficie de la pièce par le nombre de personnes pour connaître la jauge : il faut d’abord déduire la superficie des meubles, machines, équipements, etc. Le guide propose quelques exemples.
  • La gestion des flux. Un plan de circulation doit être mis en place pour permettre le respect de la distance de sécurité d’1 m entre chaque personne. Et le télétravail doit être privilégié pour tous ceux qui le peuvent. Il faut anticiper la venue du public afin de limiter l’affluence, ce qui implique une planification rigoureuse des sessions de formation. Et les visiteurs (en l’occurrence les stagiaires) doivent être informés le plus en amont possible des mesures de sécurité et de circulation. Un soin particulier doit être apporté aux possibles goulets d’étranglement, par exemple les ascenseurs, qui peuvent conduire à devoir réduire le flux de personne qu’il est possible d’accueillir.
  • Les masques ne sont pas obligatoires, sauf s’il n’est pas possible de maintenir la distance de sécurité. L’employeur peut choisir de généraliser le port du masque. Il en va de même pour les autres types d’équipements de protection (gants, blouses, lunettes, etc.). Ces équipements sont complémentaires des gestes barrières.
  • Un protocole doit être mis en place pour la prise en charge des personnes présentant des symptômes sur le lieu de travail : isolement, protection, évaluation de la gravité, traçage des contacts.
  • A certaines conditions, les entreprises peuvent instaurer un contrôle de la température des personnes qui entrent sur le site. Mais pas de campagne de dépistage systématique du virus.

 

Les conditions propres à la profession de la formation

Le document élaboré par la FFP reprend les prescriptions du protocole commun, tout en soulignant les points qui s’appliquent particulièrement à la profession. Au-delà des mesures qui concernent l’organisation interne (télétravail autant que possible, information des salariés, désinfection des locaux…), un certain nombre de prescriptions portent sur l’accueil des stagiaires en présentiel.

Sur un plan général :

  • Continuer à privilégier les formations à distance, dans la mesure du possible.
  • Minimiser les contacts entre stagiaires et entre les salariés et les stagiaires, en faisant appliquer le plan de circulation et en planifiant rigoureusement les horaires, y compris les temps de pause et l’accès aux lieux partagés.
  • En cas de déplacement du formateur, il faut s’assurer que le client ait bien mis en place des mesures adaptées au respect de la distanciation physique.
  • Afficher les consignes sanitaires à l’entrée et dans chaque salle.

Lors de l’organisation des sessions de formation,

  • Veiller à ce qu’au moins une personne ayant reçu une formation au respect des gestes barrières soit présente.
  • Les stagiaires doivent être informés en amont des mesures appliquées dans l’entreprise.
  • Ne pas partager le matériel : les stylos ne doivent pas circuler, chaque salarié et chaque stagiaire ne doit utiliser que son PC et son mobile, l’oreillette (individuelle) est à privilégier, pas de partage d’écouteurs ni de casque anti-bruit… Il faut donc anticiper l’achat des matériels avant la reprise, et leur nettoyage entre chaque session.
  • Digitaliser les documents dans la mesure du possible.
  • Désinfecter régulièrement les objets et surfaces régulièrement touchés. On suggère d’envelopper les claviers dans du film plastique pour faciliter l’entretien.
  • Aérer les locaux.

Il est aussi conseillé de conserver un registre des stagiaires avec leurs coordonnées, afin de pouvoir les contacter en cas de contamination d’un des participants ou du formateur.

Des mesures, enfin, s’appliquent à chaque type de formation :

  • Formation collective en salle: il faut s’assurer du respect de la distanciation à l’aide de barrières physiques ou d’un marquage au sol, laisser les portes ouvertes si possible, organiser l’entrée et la sortie. Le port du masque par les stagiaires et  le formateur est possible, et même obligatoire s’il est difficile de garder la distance d’1 m dans le cours de la formation.
  • Formation sur plateau technique: les mêmes règles s’appliquent, mais il faut en plus prévoir des règles de circulation avec éventuellement un marquage au sol, et disposer d’un point d’eau ou de gel hydro-alcoolique afin de permettre aux stagiaires et au formateur de se laver les mains à chaque fois qu’une personne différente utiliser le matériel commun – qui aura été désinfecté au préalable.
  • Formation en entretien individuel : l’utilisation d’un écran de plexiglas est possible, en complément du port du masque. Celui-ci reste facultatif si la distance d’1 m est respectée.

 

La conformation des locaux des organismes de formation jouera pour beaucoup dans la difficulté d’application de ces règles. Mais en général, il semble que ces prescriptions soient exigeantes mais réalistes. Il est très important que les mesures soient respectées à la lettre et imposées avec tact mais fermeté. Non seulement pour des raisons sanitaires ; mais aussi pour instaurer la confiance avec les stagiaires. Beaucoup pourraient être dissuadés de venir ou de revenir s’ils ne se sentaient pas en sécurité. Or il est essentiel que les sessions de formation puissent reprendre rapidement, pour le secteur comme pour leurs clients !

Crédit photo : Shutterstock / Awesome_art_Creation

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