Marion (son prénom a été changé) se rappellera longtemps la date du 17 mars 2020. Le premier jour du confinement en France devait aussi être celui de la première épreuve écrite de l’agrégation de philosophie, que l’étudiante préparait depuis un an. Dimanche 15 mars, elle a reçu ce message laconique : « Les concours des trois prochaines semaines sont reportés en raison de l’épidémie de Covid-19. »
S’ensuivit un mois de silence. « Ça été très compliqué de trouver du sens sans savoir si on travaillait encore pour quelque chose », reconnaît la jeune femme de 26 ans, qui s’est retrouvée confinée chez un ami après la fermeture de son internat, loin de chez elle, pour un temps indéfini et un concours devenu hypothétique.
Le ministère de l’éducation nationale a mis fin à cette angoissante attente le 15 avril : le concours est maintenu pour les 256 377 candidats aux concours de l’enseignement, dont 128 217 aux concours de l’enseignement secondaire (capes, capeps, capet, agrégation…). Le nombre de postes ouverts ne change pas, et les épreuves devraient se tenir « entre le 15 juin et le 21 juillet » (mais pas avant septembre pour les oraux du concours interne).
Erreurs de recrutement
Deux règles sont établies. Ceux qui ont passé et réussi les écrits avant le confinement passeront l’épreuve orale, de préférence en visioconférence. Les autres s’arrêteront aux écrits : c’est le cas de la moitié des candidats aux concours du secondaire. Ces écrits feront office d’épreuves d’admission pour devenir enseignant stagiaire en septembre (à mi-temps en classe, à mi-temps en formation). Pour ces jeunes, la procédure de titularisation sera renforcée, notamment grâce à un oral exceptionnel à l’issue de l’année de stage.
De l’avis de chacun, le constat a beau être amer, il est implacable : la situation ne laissait pas d’autre choix. Cette annonce a cependant engendré de nombreuses questions. Dans quelles conditions auront lieu les épreuves écrites ? En quoi consistera l’oral exceptionnel à la fin de l’année de stage pour ceux qui n’auront passé que l’écrit ? Sera-t-il aussi sélectif que l’oral des concours ? Si oui, que deviendront les candidats renvoyés au bout d’un an (ce qui est habituellement très rare), et comment combler les postes vacants ? Sinon, comment les accompagner et s’assurer qu’il n’y a pas eu plus d’erreurs de recrutement que d’habitude ? A ces questions, le ministère n’a toujours pas apporté de précision.
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