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Déconfinement : les stages étudiants virent au casse-tête

Beaucoup de stages ont été reportés voire annulés. Universités et grandes écoles s'adaptent, mais des étudiants restent dans l'incertitude, sans stage. Malgré le déconfinement, un autre problème surgit : celui de la décrue « considérable » de l'offre des entreprises.

Sur 500.000 stages par an, le ministère de l'Enseignement supérieur estime à environ la moitié ceux qui ont dû être reportés ou annulés à cause de la pandémie.
Sur 500.000 stages par an, le ministère de l'Enseignement supérieur estime à environ la moitié ceux qui ont dû être reportés ou annulés à cause de la pandémie. (Stephane AUDRAS/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 18 mai 2020 à 09:41Mis à jour le 18 mai 2020 à 14:32

Ils ont été interrompus, réduits, modifiés, reportés ou annulés. Et plongent encore nombre d'étudiants dans l'incertitude : pour les établissements de l'enseignement supérieur , la question des stages et de leur validation est l'une des plus difficiles posées par cette crise sanitaire.

Sur 500.000 stages par an, le ministère de l'Enseignement supérieur estime à environ la moitié ceux qui ont dû être reportés ou annulés à cause de l'épidémie. Face à la crainte de certains étudiants de ne pas pouvoir valider leur diplôme, le ministère a autorisé le report des dates de fin de stage jusqu'au 31 décembre. Si un stage devait se prolonger au-delà de cette date, les étudiants pourront se réinscrire pour un semestre supplémentaire sans payer les droits d'inscription. Dans certaines filières, le stage est indispensable, comme pour l'obtention du titre de psychologue.

« Décrue considérable »

Avec le déconfinement , les étudiants peuvent espérer reprendre un stage interrompu ou, pour ceux qui n'ont encore rien calé, en décrocher un. Mais c'est une diminution des offres qui se profile, confie Frank Bournois, directeur général d'ESCP Europe et président de la commission formation de la Conférence des grandes écoles (CGE).

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Dans une tribune publiée dans « Les Echos », il avait appelé, avec Skema et Neoma, à faire des stages l'un des leviers majeurs de la reprise économique, alors que les entreprises se sont désengagées « massivement » des contrats de stage signés avec les étudiants. Frank Bournois évoque aujourd'hui une « décrue considérable des offres de stages ». « On en reçoit trois à quatre fois moins qu'avant, estime-t-il. Pour les entreprises, c'est très compliqué d'accueillir et de former quelqu'un en période de télétravail et de chômage partiel. Elles se disent aussi que l'activité va bientôt repartir, qu'elles doivent se concentrer sur la reprise, et qu'elles ne seront pas disponibles pour s'occuper d'un stagiaire. »

Pour les stages enclenchés ou prévus avant la crise sanitaire , le ministère de l'Enseignement supérieur a revu les modalités de contrôle des connaissances. Aucun diplôme ne doit être remis en cause en raison de l'annulation d'un stage, avait assuré la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, fin mars.

Les assouplissements autorisés par le ministère ont permis aux universités et aux écoles de s'adapter. Certains établissements ont validé des stages en leur substituant des cours en ligne ou un engagement bénévole des étudiants pendant le confinement, par exemple à la Croix-Rouge. La durée des stages a aussi été réduite. La commission des titres d'ingénieur, chargée d'évaluer les formations, a, par exemple, suspendu la règle des 28 semaines minimum de stages pour l'obtention du diplôme des élèves-ingénieurs.

Universités et grandes écoles ont cherché à réduire le stress des étudiants. « Quand le stage ne pouvait pas se faire en télétravail et qu'il était impossible de trouver une forme d'évaluation telle qu'un rapport de stage, on en a suspendu l'obligation pour que les étudiants ne soient pas pénalisés », explique Marie-Céline Daniel, vice-présidente formation de Sorbonne Université. Les grandes écoles ont, de leur côté, « levé l'obligation du stage pour passer de première en deuxième année », indique Laurent Champaney, directeur général d'Arts et Métiers et vice-président de la CGE.

Du « cas par cas »

Pour les stages de fin d'études en revanche, c'est « plus compliqué », admet-il : « On fait du cas par cas, en tentant de concilier les envies et les besoins des étudiants avec les envies et les besoins des entreprises. » Dans le secteur tertiaire, beaucoup de stages se font à distance, avec « afterworks » et apéritifs en visioconférence pour permettre aux étudiants des rencontres virtuelles avec l'entreprise qui les accueille. Pour les étudiants qui doivent se rendre sur un site de production, les stages ont été repoussés jusqu'en septembre.

« On a essayé de mettre le maximum de souplesse, affirme encore Laurent Champaney. Mais on n'a pas voulu supprimer l'obligation de faire un stage. Les étudiants comprennent bien qu'il est un moyen important d'insertion. » En juin dernier , le stage de fin d'études était, pour 30 % des étudiants des grandes écoles, le principal cheminement vers l'emploi.

>>> Le mode d'emploi du déconfinement. Le confinement a-t-il été efficace ? Quel est le plan du gouvernement pour en sortir ? Les différentes étapes ? Les questions en suspens ? Comment procèdent nos voisins européens ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos » .

>>> La France face à l'épidémie de coronavirus. Quelles ont été les différentes étapes de l'alerte ? Quelle est la situation épidémiologique au jour le jour ? Quelles sont les mesures décidées par le gouvernement pour limiter la propagation de la pandémie ? Pour soutenir l'économie ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos » .

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Marie-Christine Corbier

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