Chaque année, les grandes écoles sélectionnent leurs étudiants des classes préparatoires au moyen d’un dispositif bien rodé, à base d’épreuves écrites communes et d’épreuves orales individuelles organisées dans chaque établissement. En ce printemps 2020, marqué par le Covid-19, ce rituel est bouleversé. Non seulement les écrits ont été reportés de plusieurs semaines – ils se dérouleront entre la fin juin et le début du mois de juillet –, mais les oraux n’auront tout simplement pas lieu.
« La décision n’a pas été facile à prendre, affirme Alice Guilhon, qui préside le Chapitre des écoles de management de la Conférence des grandes écoles. Mais à contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles. » « Obliger des candidats stressés à faire le tour de France des écoles en plein été n’était pas raisonnable », argumente le directeur d’ESCP Business School, Frank Bournois.
« C’est pas de bol ! »
Du côté des élèves, « c’est une immense déception », se désole Robins, en prépa économique et commerciale à Montpellier. Comme plusieurs de ses camarades, il comptait sur les oraux pour « remonter des places » et se faire une idée de l’ambiance de chaque école en s’y rendant pour passer les oraux. « Les langues, dans lesquelles je suis à l’aise, représentent un gros coefficient, notamment à l’Edhec. Et j’avais bien préparé l’entretien de personnalité où je comptais mettre en avant mon expérience associative… »
Laura, au lycée Voltaire d’Orléans, est frustrée à l’idée de ne pas pouvoir se confronter à cette épreuve orale, et de mettre en pratique les techniques d’affirmation de soi qu’elle avait acquises au cours des séances d’entraînement. Sacha, qui redoublait sa deuxième année de « maths-spé », comptait capitaliser sur cette année de prépa supplémentaire pour décrocher de meilleures notes que les autres candidats à l’oral, et intégrer Saint-Cyr ou l’école Navale. « Franchement, c’est pas de bol ! », regrette-t-il.
Parmi les enseignants de prépas, qui préparent depuis deux ans leurs élèves à ces épreuves orales, « c’est le choc », résume Alain Joyeux, président de l’Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales. « Même si elle est frustrante, c’était la meilleure décision, estime le président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques, Mickaël Prost.
Polytechnique résiste
Seule Polytechnique, en raison de son petit nombre d’admissibles, sera en mesure d’organiser des oraux, dans le calendrier ministériel imparti. Resserrées autour des maths et de la physique, et groupées sur une journée maximum, les épreuves se dérouleront la deuxième quinzaine de juillet, dans les locaux de Palaiseau (Essonne).
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