Choisir son orientation, c’est faire un pari. Un pari d’autant moins aisé que, sous l’effet de l’épidémie, l’avenir se charge d’incertitudes… C’est dans ce contexte que 950 000 jeunes devront, à partir de ce mardi 19 mai, accepter ou refuser les propositions émanant des formations qu’ils ont listées sur la plateforme Parcoursup. « Parcoursup suscite tous les ans de l’inquiétude chez les élèves, mais cette année, avec le coronavirus, on atteint des sommets », constate Benoît, professeur principal d’une terminale L en Haute-Garonne.

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« Leurs premiers choix ont été effectués avant le début du confinement. Avant qu’ils ne les confirment début avril, nous leur avons bien fait passer le message de les sécuriser au mieux, en sélectionnant également des formations proches de chez eux. À un élève visant une formation audiovisuelle, on conseillait bien de ne pas oublier, en plus des écoles privées, la formation existant dans la faculté de son secteur. »

Les candidats pourraient accorder une prime à la proximité. Thomas, élève de filière S à Genech, dans le Nord, a adressé un dossier au réseau des Instituts d’études politiques en région. S’il devait avoir le choix entre Lille et Aix-en-Provence, sa décision serait vite prise. « Rien que l’idée de devoir traverser la France par temps d’épidémie pour aller chercher un logement me stresse, reconnaît-il. Et s’il devait y avoir un nouveau confinement, je préférerais être chez mes parents que de rester enfermé seul dans un logement étudiant. »

« S’il devait y avoir un nouveau confinement, je préférerais être chez mes parents »

Les candidats pourraient accorder une prime à la proximité. Thomas, élève de filière S à Genech, dans le Nord, a adressé un dossier au réseau des instituts d’études politiques en région. S’il devait avoir le choix entre Lille et Aix-en-Provence, sa décision serait vite prise. « Rien que l’idée de devoir traverser la France par temps d’épidémie pour aller chercher un logement me stresse, reconnaît-il. Et s’il devait y avoir un nouveau confinement, je préférerais être chez mes parents que de rester enfermé seul dans un logement étudiant. »

S’ajoute, pour certains, un paramètre lié aux répercussions économiques de la pandémie. Subissant ou anticipant une baisse de leurs revenus, certains parents pourraient inciter leurs enfants à opter pour une formation pas trop éloignée du domicile familial, ou encore un BTS dans un lycée public plutôt qu’une école ou une prépa privée.

« S’il faut choisir entre deux BTS, les incertitudes économiques peuvent vraiment jouer », avance Florence Delannoy, proviseure à Genech et secrétaire générale du SNPDEN, syndicat des personnels de direction. « À ce stade, je ne vois pas bien comment rouvrir les internats à la rentrée. Difficile d’y faire respecter le protocole sanitaire avec des dortoirs et des sanitaires communs… »

« Les PME ont d’autres chats à fouetter que de former des jeunes »

Le facteur psychologique pourrait également peser s’il s’agit d’accepter une formation qui ne figure pas parmi les principaux vœux, anticipe Pierre Mathiot, directeur de l’Institut d’études politiques de Lille.

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« Cette année, les candidats à Parcoursup n’ont pas passé le bac, qui a été attribué sur la base du contrôle continu. Ils n’ont pas passé non plus les concours des écoles, remplacés par une sélection sur dossier. Il leur est donc sans doute plus difficile de se projeter dans une nouvelle vie, surtout s’ils n’ont pas eu la formation dont ils rêvaient. Avec aussi, du côté des parents, des interrogations sur le coût total de l’opération, alors que l’enseignement risque de se dérouler en partie à distance, dans des conditions dégradées », relève-t-il.

Élève en terminale STMG (1) en Haute-Garonne, Adèle ne semble pas se poser ce type de questions. Elle vise un BTS gestion de la PME, à Saint-Gaudens, à 20 km de chez elle, ou à Toulouse, à une cinquantaine de kilomètres, qu’elle pourra rejoindre en transports en commun. Mais surtout, la jeune fille tient à suivre cette formation en alternance. Ce qui l’oblige à trouver une entreprise pouvant l’accueillir.

« Le coronavirus complique sérieusement la donne, soupire-t-elle. Les PME risquent d’être les plus affectées par la crise et ont sans doute d’autres préoccupations que celle de former des jeunes. Je prépare mes lettres de motivation, mais je crains que ce ne soit très compliqué. J’appréhende aussi les futurs entretiens s’il faut porter des masques ou les réaliser en visioconférence. Ce n’est pas l’idéal… »

(1) Sciences et techniques du management et de la gestion