Décryptage

Coronavirus : quelles adaptations pour le concours de la PACES ?

Le QCM est l'option retenue par plusieurs universités pour remplacer l'épreuve rédactionnelle de SSH.
Le QCM est l'option retenue par plusieurs universités pour remplacer l'épreuve rédactionnelle de SSH. © jannoon028 / Adobe Stock
Par Mersiha Nezic, publié le 14 mai 2020
6 min

Le coronavirus a eu raison de la seule épreuve rédactionnelle du concours de la PACES, celle de l'enseignement de santé, société et humanité (SSH), qui sera finalement proposée sous forme de QCM par la plupart des facultés. Celles-ci adaptent à la crise sanitaire le concours de la PACES, reporté à la deuxième quinzaine de juin. Toulouse et Aix-Marseille ont opté pour des épreuves raccourcies, suscitant l’inquiétude des étudiants.

Coronavirus oblige, la seconde partie du concours de la PACES (première année commune aux études de santé) reportée à la deuxième quinzaine de juin, fait l’objet d’adaptations. Car la crise épidémique contraint les universités à respecter des préconisations sanitaires strictes : aménagement des accès, séquençage des arrivées et des départs, espacement des candidats, matériel de protection. Un énorme casse-tête s'agissant d'un concours qui concerne environ 60.000 étudiants répartis dans une quarantaine de facultés en France.

L'épreuve de SSH transformée en QCM

Pour réduire le risque d'exposition des candidats au Covid-19, ces derniers "seront convoqués sur des horaires décalés, détaille Patrice Diot, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine. La durée de l’installation et de la sortie des étudiants dans la salle augmente. Ce qui oblige les facultés à réduire la durée des épreuves, sans pour autant sacrifier leur pertinence pédagogique".

Quelles sont les nouvelles modalités du concours ? En santé, société et humanité (SSH), une des épreuves reines de la PACES, de nombreux étudiants devront plancher sur des QCM, questionnaires à choix multiple, au lieu de s’atteler à la rédaction. Les facultés, qui organisent habituellement des doubles corrections pour la seule épreuve rédactionnelle de la PACES, ne sont plus en mesure de le faire dans un délai raisonnable.

À Toulouse et à Aix-Marseille, la durée des épreuves est raccourcie

À Toulouse et à Aix-Marseille, les épreuves, initialement prévues sur quatre jours, sont raccourcies sur une même journée. À Toulouse, les modalités des cinq épreuves du tronc commun, qui concerne 2.400 candidats à la deuxième année des filières médecine, dentaire, sage-femme, pharmacie et kiné, sont remaniées. Alors qu’initialement, chacune devait durer une heure, c’est une seule et même épreuve d’1h15 qui est organisée cette année. Le contrôle des connaissances de l'enseignement "bases physiques des méthodes d'exploration - aspects fonctionnels" se fera via sept QCM pour 20 minutes d'épreuve, contre 20 QCM initialement prévus pour une heure d'épreuve. Les épreuves des UE spécifiques à chaque filière sont également réduites.

Les étudiants, vent debout contre ces nouvelles modalités du concours

Les élus étudiants des facultés de santé de la Ville rose, vent debout contre ces nouvelles modalités, estiment ces dernières inadaptées pour évaluer l’ensemble des connaissances acquises par les candidats depuis le mois de janvier. Une pétition mise en ligne il y a quelques jours a recueilli près de 2.000 signatures, dénonçant ces conditions de concours. Les difficultés sont majorées sur place par l'organisation dérogatoire de la PACES toulousaine.

Dans la capitale de l'Occitanie, trois facultés différentes proposent une PACES (Purpan, Rangueil et Maraîchers) . "Les 2.400 étudiants ne peuvent pas passer le concours en même temps, mais sont séparés par faculté. Ce qui multiplie par trois le flux de personnes, démultiplie le temps d’épreuve, de réservation… Même si les administrations, qui manquent de moyens, n'ont pas le choix, ces épreuves raccourcies sont inacceptables et manquent de pertinence pédagogique", affirme Julien Maraval, élu étudiant et lui-même inscrit en quatrième année de médecine à Toulouse.

Les élus étudiants demandent la mise à disposition de moyens supplémentaires permettant "la tenue d'un concours en accord avec le travail fourni par les étudiants et respectueux des règles sanitaires". "Il faut rechercher de nouveaux locaux, de nouveaux volontaires pour que le temps des épreuves puisse être allongé. Et se rapprocher au maximum de ce qui était prévu avant la crise sanitaire", reprend Julien Maraval. "Il faut doter les facultés de plus de moyens financiers et humains, de masques, de produits sanitaires, pour pouvoir sécuriser au maximum ces épreuves qui pourront, dans ces conditions, être organisées sur plusieurs jours".

Vers une pondération des coefficients de la deuxième partie du concours ?

Les étudiants demandent au gouvernement d'accorder la possibilité aux facultés de modifier le coefficient des épreuves du second semestre. Celles-ci pourraient pondérer les coefficients de la deuxième partie du concours pour que les épreuves organisées en janvier comptent davantage. Et surtout, les étudiants sont favorables à la diminution du coefficient (64) de l'épreuve de santé, société et humanité (SSH). Difficile d'accorder un poids toujours aussi important à cet enseignement alors que la seule épreuve rédactionnelle du concours de la PACES a été transformée en QCM et n'évalue plus de compétences supplémentaires.

Cette mesure pourrait également diminuer l'impact des inégalités, exacerbées par le confinement

. "Certains étaient confinés chez leurs parents où ils étaient logés, nourris, blanchis et travaillaient dans des conditions agréables. Pendant que d'autres étaient enfermés dans un 9 mètres carrés étudiant, au sein de résidences bruyantes, et sans accès aux bibliothèques alors qu'ils n'ont pas les moyens de s'acheter des livres d'anatomie", alerte Julien Maraval.

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