Parcoursup : les lycéens plus stressés que jamais

Les lycéens s'inquiètent sur leurs chances de réussite dans leurs études supérieures, après deux mois de confinement et un bac en contrôle continu.

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Pas d'épreuves mais beaucoup d'angoisse pour les candidats au baccalauréat 2020.
Pas d'épreuves mais beaucoup d'angoisse pour les candidats au baccalauréat 2020. © FREDERICK FLORIN / AFP

Temps de lecture : 4 min

Plus que quelques heures d'attente. Ce mardi 19 mai, à 17 heures, les 658 000 élèves de terminale – auxquels il faut ajouter les étudiants souhaitant ou contraints de se réorienter – seront fixés sur leur sort. La plateforme Parcoursup doit livrer en effet ses premières propositions, en réponse aux vœux formulés en mars dernier par les candidats au baccalauréat. Au stress habituel de l'attente des résultats s'ajoute celui des incertitudes et des questionnements, après deux mois de confinement et un isolement qui se prolonge – aucun lycée français n'ayant rouvert ses portes à ce jour.

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Sur quels critères et selon quelles modalités le bac en contrôle continu sera-t-il attribué cette année ? Quel effet ce « trou » de trois mois aura-t-il sur le niveau des élèves, la poursuite de leurs études et leurs chances de réussite ? Auront-ils les connaissances et l'autonomie nécessaires pour suivre l'an prochain, le passage du secondaire au supérieur constituant, déjà en temps normal, un cap difficile à franchir ?

« Le confinement fut une épreuve, les lycéens ont été très courageux »

Toutes ces questions taraudent les lycéens, qui s'interrogent aussi sur leurs choix d'orientation. Qui sait où en sera l'épidémie à la rentrée de septembre ? Doivent-ils renoncer à leurs rêves « d'ailleurs » et faire le choix de la proximité, sachant qu'une bonne partie des cours pourraient se dérouler à distance ? Difficile de se projeter dans un brouillard aussi épais, sans parler de la contrainte économique qui risque de contraindre certains parents à refréner les ambitions de leurs enfants. Les lycéens ont dû s'adapter aux modalités de sélection mises en place dans l'urgence par les écoles, les épreuves écrites et les oraux ayant laissé place, comme à Sciences Po, à un tri « sur dossier », pénalisant ceux qui avaient envisagé de « mettre le paquet » sur la préparation aux concours. Comme si tout cela ne suffisait pas, ils doivent subir les quolibets de leurs aînés sur un « bac au rabais », « donné à tout le monde », sans qu'il soit besoin d'en passer par ce « rite de passage » que constituaient les épreuves, l'attente des résultats et leur proclamation. « Je les rassure en leur disant qu'ils ont fait preuve de beaucoup de courage durant le confinement ; que cette épreuve fut très formatrice et qu'elle vaut largement l'expérience de l'examen ; qu'en tout état de cause, l'orientation Parcoursup était jouée lorsque tout s'est arrêté en mars ; que le taux de réussite des années précédentes frôlait déjà les 90 %, après le rattrapage », témoigne un enseignant, professeur principal dans un lycée du Val-de-Marne.

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La peur des lycéens

Un sondage réalisé pour le compte de l'association Article 1 confirme, s'il en était besoin, l'état de stress dans lequel se trouvent plongés les lycéens en cette période cruciale où se joue en partie leur avenir, en tout cas leur orientation. 54 % des jeunes interrogés déclarent avoir « peur d'être désavantagés » pour la réussite de leurs études supérieures. « Le baccalauréat reste une étape symboliquement forte, en France. Le fait de ne pas avoir à le passer, contrairement à toutes les générations précédentes, a pu soulager dans un premier temps certains lycéens, mais il leur fait craindre, aussi, d'être moins légitimes pour la suite de leur parcours. D'autant que l'organisation des cours à distance a impacté les programmes et que la valeur du contrôle continu varie selon les établissements », décryptent Benjamin Blavier et Boris Walbaum, cofondateurs d'Article 1, l'une des associations les plus en pointe dans la lutte contre l'inégalité des chances.

Lire aussi Déconfinement : les lycéens allemands passent leur bac d'abord

Les résultats de cette enquête sont édifiants. Les lycéens expriment une forte appréhension sur leur entrée dans l'enseignement supérieur : 70,3 % déclarent n'avoir reçu « aucun conseil » pour s'y préparer, depuis le confinement. Plus d'un tiers craint ne pas réussir à suivre des cours à distance, en cas de reconfinement ou si les mesures barrières devaient perdurer ou être réactivées cet automne. Un quart redoute de ne plus pouvoir financer leurs études (prêts étudiants non accordés, jobs étudiants annulés, contrat d'alternance plus difficile à décrocher, etc.). 67,6 % des lycéens interrogés se déclarent stressés, dans l'attente des résultats de la plateforme. Trois élèves sur quart angoissent à l'idée de voir leurs vœux s'évanouir. 54,1 % sont inquiets par l'organisation de leurs futures études (recherche d'un logement, démarches administratives, déplacements, etc.) et 42,2 % craignent de « ne pas avoir le niveau » requis pour les réussir.

* Sondage réalisé en ligne du 13 au 15 mai 2020 auprès des 70 000 élèves de terminale de toute la France, inscrits sur la plateforme « Inspire » mise en place par l'association Article 1 pour aider les lycéens dans leurs choix d'orientation. 1 357 élèves des filières générales, technologiques et professionnelles ont répondu.

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Commentaires (17)

  • Pache 38

    Jules Vallès avait choisi pour son roman "Le Bachelier", une dédicace que j'affectionne :
    "À tous ceux qui nourris de grec et de latin sont morts de faim, je dédie ce livre".

    S'agissant des langues anciennes, les bacheliers d'aujourd'hui n'ont plus rien à redouter. Depuis des lustres, elles ne nourrissent plus les amateurs de peaux d'ânes !

  • Le sanglier de Génolhac

    Pour ma part, j'emploie souvent, dans une situation semblable, l'expression "'tain, ça poque vilain du derche". Sauf que je n'écris pas "derche". Mais bon, venant du bestiau que je suis, ça ne vous surprendra pas, vous le fin lettré que j'envie ! Vous qui avez le bac et certainement bien plus. Ici on sait juste lire, écrire, un tout petit peu compter... Et manger du fromage.

  • Mayen

    Enfin il vont vite comprendre aprés la prépa our les premiéres années de fac que le bac finalement...