Ils sont parfois un peu intimidés. Mais surtout soulagés. Et toujours certains que cela n’est que provisoire. Les étudiants qui patientent dans la queue pour récupérer un grand colis alimentaire distribué par la Croix-Rouge, ce jeudi 21 mai à Lille, au pied des résidences universitaires du Crous Jean-Zay et Maupassant, sont nombreux à vivre leur « première fois ».
Quel est votre nom, interroge l’une des bénévoles qui distribue avec énergie ces denrées de première nécessité, accompagnées de fruits et légumes. Les œufs par six ou par douze ? Samuel (les étudiants interrogés ont tous requis l’anonymat) n’a pas la voix très assurée. Le grand gaillard à lunettes, est en première année de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). Recourir à ce type d’aide, « c’est un peu surréaliste pour moi », dit pudiquement le jeune homme. Mais il n’a pas hésité, quand il a reçu le mail du responsable de la résidence, prévenant les 150 jeunes restant dans les bâtiments du Crous du quartier des Moulins, de l’initiative.
« Quand on voit que 90 gamins se sont inscrits, c’est quand même énorme… », dit le directeur des résidences, Nicolas Pachy. Depuis le début du confinement, l’université de Lille a monté en quelques jours ces distributions inédites au pied des différentes résidences de logements étudiants avec le Crous et des partenaires associatifs du monde de l’urgence, comme la Croix-Rouge et le Secours Populaire.
Job d’été compromis
Le résultat a été vertigineux : plus de 2 000 étudiants ont été identifiés dans le besoin et accompagnés par diverses aides − 200 euros au début du confinement, cartes cadeaux Carrefour de 50 euros, « sachets repas » distribués par le Crous… Sans compter les centaines d’étudiants qui contactent l’université, au fur et à mesure. Des chiffres qui ne faiblissent pas avec le déconfinement, c’est même une nouvelle population d’étudiants que l’université voit apparaître sur ses tableaux de bord ces dernières semaines.
La bourse de 450 euros de Samuel va s’arrêter en juin. Comme chaque année. Et le job d’été de trois mois − dans la restauration − qui lui permet de tenir paraît compromis. Le jeune homme, qui habite un studio du Crous de 34 mètres carrés avec sa copine, cherche encore et encore. Sa mère, qui travaille dans un bar, ne peut pas l’aider, étant elle-même « dans une situation compliquée ». A 23 ans, Samuel a auparavant travaillé quelques années, ce qui lui permet de vivre sur ses économies. Mais celles-ci s’épuisent… « Ça va, mais ça commence à être chaud, cette aide va vraiment faire du bien », dit-il, lâchant un sourire en voyant « un petit détail », la tablette de chocolat au fond du carton.
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