Sur la plate-forme Parcoursup, être bon élève ne suffit pas. Comme aux concours, il faut être meilleur que tous les autres. « 16,5 de moyenne générale en terminale dans le meilleur lycée public de ma ville, les félicitations depuis la 6e et refusée dans tous mes vœux favoris. Et sinon vous, ça va ? » Ce message de Sorenza, élève en filière littéraire au lycée Marc-Chagall à Reims (Marne), a été « liké » 71 600 fois sur le réseau social Twitter.
Il résume bien le sentiment de ces bons élèves qui se retrouvent déçus de leurs résultats d’admission sur Parcoursup. Des jeunes qui, depuis le 19 mai, jour des premiers résultats, se retrouvent refusés ou figurent sur des listes d’attente sur tout ou partie de leurs vœux dans des filières sélectives.
L’explication tient d’abord au fonctionnement même de la plate-forme d’admission dans l’enseignement supérieur, inaugurée en 2018. Celle-ci a entériné la fin de la hiérarchisation des vœux, en vigueur dans le système précédent. A l’époque d’Admission post-bac, chaque candidat classait ses vœux par ordre de préférence, et recevait une seule proposition d’admission. Avec Parcoursup, le ministère de l’enseignement supérieur a souhaité qu’un élève puisse voir toutes les réponses des formations à tous ses vœux, avant de faire son choix.
De ce fait, à l’ouverture de la phase d’admission, 453 000 candidats (48 %) se sont partagé les 1,5 million de propositions d’admission faites par les formations, tandis que l’autre moitié des candidats se contente d’attendre que les mieux servis se décident, et libèrent des places dans le délai imparti. Au 24 mai de cette année, 67 % des lycéens et 48 % des candidats en réorientation avaient reçu au moins une proposition.
Recrutement sur dossier
Ainsi, les meilleurs élèves, ceux qui culminent à plus de 18 de moyenne, accumulent les « oui » à toutes leurs demandes de classes préparatoires aux grandes écoles, d’écoles (d’ingénieurs, instituts d’études politiques…) ou de doubles licences. Avant de se décider et de libérer des places au fil des jours. C’est le cas d’Audrey, en filière scientifique au lycée Descartes, à Tours, dont le 19 de moyenne lui a permis d’obtenir « tous ses vœux en prépa, à l’exception de Louis-le-Grand à Paris ». Elle a renoncé à toutes les propositions sauf une, comme le veut la plate-forme, pour libérer des places.
Les élèves qui ont eu les meilleurs dossiers scolaires sont encore plus favorisés cette année, alors que les concours organisés par certaines écoles post-bac (instituts d’études politiques, écoles de commerce ou d’ingénieurs) ont été annulés en raison de l’épidémie. Les formations se sont basées uniquement sur les dossiers, ce qui n’a pas permis aux concours de rebattre – au moins en partie – les cartes, et de donner plus de chances à ceux qui avaient travaillé les épreuves ou qui espéraient se démarquer lors des oraux.
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