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Coronavirus : universités et grandes écoles misent sur une rentrée de septembre « hybride »

La crise sanitaire rend inenvisageables les amphithéâtres bondés. Les établissements de l'enseignement supérieur s'organisent pour développer des rotations d'élèves et des cours à distance à la prochaine rentrée. Certains demandent que le plan de relance comporte un volet pour les financer.

Sciences Po promet une rentrée 2020 «� inédite », avec un « double campus » physique et numérique.
Sciences Po promet une rentrée 2020 « inédite », avec un « double campus » physique et numérique. (Romain Gaillard/Rea)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 14 mai 2020 à 17:59Mis à jour le 14 mai 2020 à 18:18

« Roulements » d'étudiants et « hybridation » des enseignements : face à la crise sanitaire , universités et grandes écoles réfléchissent à de nouvelles manières d'accueillir les élèves en septembre. « Les enseignants et enseignants-chercheurs ont continué à innover de façon incroyable et en testant de nouvelles façons d'enseigner à distance malgré les difficultés », s'est félicitée la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ce jeudi, sur France info. Ces nouvelles pratiques sont toutefois longues et coûteuses à mettre en place dans la durée.

Sciences Po vient d'annoncer la mise en place d'un « double campus » avec la mise en ligne de l'intégralité de sa formation. L'établissement entend associer enseignements à distance et modules de formation en petits groupes dans ses campus physiques. « Tous les établissements s'organisent pour offrir tout ou partie de leur formation à distance », affirme Laurent Champaney, vice-président de la Conférence des grandes écoles, pour faire face aux problèmes de distanciation physique et prendre en charge les étudiants étrangers qui ne pourront pas rejoindre les campus. « Tous seront prêts à mettre l'intégralité de leur formation à distance, sauf les parties liées aux travaux pratiques. »

« Pas juste un cours enregistré »

La semaine dernière, Frédérique Vidal avait indiqué au « Parisien » avoir « demandé aux établissements de prévoir que les cours magistraux puissent être offerts à distance », alors que les amphis bondés paraissent inenvisageables. Une annonce jugée « prématurée » et qui « n'est pas la solution », selon le président de Sorbonne Université, Jean Chambaz. « Le cours en amphi n'est pas l'essentiel de la formation, estime-t-il. La question prioritaire est de mobiliser nos équipes pédagogiques pour préparer le meilleur accueil des étudiants. » Or, l'enseignement hybride, qui « n'est pas juste un cours enregistré » demande « du temps ». L'université envisage d'ailleurs de réorienter une partie de son budget vers cette hybridation (recrutement d'ingénieurs pédagogiques, conception de studios…)

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La crise actuelle « oblige à aller plus vite », admet Marie-Céline Daniel, vice-présidente formation de Sorbonne Université, mais « il faut du temps aux enseignants pour faire cette hybridation, ce n'est pas en septembre qu'on pourra se dire qu'on a 15 % de notre formation en ligne ». En attendant, l'université envisage des modules de remise à niveau en juillet pour « remettre le pied à l'étrier » aux lycéens de terminale et les équiper pour l'enseignement à distance. « Il n'y aura peut-être pas de welcome week à la rentrée, mais il y aura un welcome pack », glisse Jean Chambaz.

Un volet formation dans le plan de relance

L'investissement nécessaire pour les établissements est tel que Guillaume Gellé, vice-président de la Conférence des présidents d'université (CPU), espère obtenir des financements pour les formations hybrides dans le cadre du plan de relance de l'économie. La CPU plaide pour qu'il contienne un volet spécifique qui serait orienté vers le développement de formations hybrides. « Nous allons devoir produire des enseignements à distance ou hybrides solides », expliquait le président de l'Inalco, Jean-François Huchet, dans une interview au média spécialisé « NewsTank », en plaidant pour que le plan de relance contienne un volet numérique.

Pour le reste, les établissements envisagent des « roulements » d'étudiants, pour reprendre l'expression d'Alice Guilhon, directrice générale de Skema Business School. « On va faire des rentrées hybrides avec une partie des étudiants dans une salle de classe et une partie à distance, il n'y aura aucun problème pour avoir un mètre autour d'eux de tous les côtés », rassurait-elle récemment lors d'un webinaire organisé par l'agence spécialisée AEF Info. Et, si les contraintes sont « extrêmes », ajoute le patron d'ESCP Europe, Frank Bournois : « On fera des rotations sur trois semaines. »

Ce modèle hybride « aura tout son intérêt », prédit même Pascal Brouaye, directeur général du Pôle Léonard de Vinci, car « un amphi bondé et bruyant n'est pas forcément le meilleur endroit pour apprendre ».

>>> Le mode d'emploi du déconfinement. Le confinement a-t-il été efficace ? Quel est le plan du gouvernement pour en sortir ? Les différentes étapes ? Les questions en suspens ? Comment procèdent nos voisins européens ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos » .

>>> La France face à l'épidémie de coronavirus. Quelles ont été les différentes étapes de l'alerte ? Quelle est la situation épidémiologique au jour le jour ? Quelles sont les mesures décidées par le gouvernement pour limiter la propagation de la pandémie ? Pour soutenir l'économie ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos » .

Marie-Christine Corbier

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