On sait ce concours stressant. Et le stress pourrait être plus grand encore pour nombre de candidats se présentant, mi-juin, aux épreuves de fin de première année commune d’études de santé (Paces). En cause ? Le contexte de l’épidémie de Covid-19 qui conduit les universités à revoir leur organisation afin de se conformer au protocole sanitaire qui leur a été récemment transmis par le ministre de l’enseignement supérieur.

Alors que certains plaidaient pour une annulation de ce concours, le gouvernement a décidé de le maintenir. « Chaque année, des étudiants améliorent leurs notes au deuxième semestre », justifie-t-on au ministère. Mais cette épreuve devra se dérouler dans le respect de règles contraignantes, s’agissant notamment de l’accueil et de l’installation des candidats dans les salles d’examens, de même que leur sortie.

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« Il est demandé aux organisateurs d’échelonner les horaires de convocation avant le début de l’épreuve pour éviter les regroupements et les attentes trop longues et de s’assurer que les candidats respectent la distance d’un mètre dans la file d’attente », précise le ministère.

Une dénaturation du concours ?

« En conséquence, beaucoup d’universités - qui sont chargées d’élaborer leurs propres épreuves pour ce concours, qui n’est pas national - ont prévu de compacter les épreuves, d’autant que les cours du deuxième semestre se sont dans une large mesure déroulés à distance et n’ont pas toujours permis d’étudier la totalité du programme », observe Maxime Tournier, le vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France.

Dans certains cas, la durée des épreuves a ainsi été réduite de moitié, voire davantage. « D’ordinaire, les examens se déroulent sur trois demi-journées, pour un total de plus de 7 heures d’épreuves. Or notre faculté a d’abord prévu de les ramener à un peu plus de deux heures », raconte Anatole Le Guillou, élu de cette association et vice-doyen étudiant de médecine au sein de la faculté de Toulouse Rangueil.

Sur ce campus, de nombreuses voix d’étudiants se sont élevées pour dénoncer, entre inquiétude et colère, une dénaturation du concours. « Beaucoup regrettent que les organisateurs aient aussi décidé de remplacer par un QCM l’unique épreuve rédactionnelle, qui compte pour plus de 10 % du concours », indique ce responsable étudiant.

« L’impression de jouer leur avenir à la roulette russe »

De nouvelles réunions sont prévues dans les jours à venir pour revoir l’architecture de ce concours pour les 900 candidats toulousains. « Ce concours ouvre sur la poursuite d’études en médecine, en dentaire et en pharmacie. Beaucoup ont l’impression d’y jouer tout leur avenir à la roulette russe. Aussi nous demandons que la durée des épreuves ne soit pas réduite de plus de moitié », indique Anatole Le Guillou.

« Nous avons aussi obtenu que les résultats obtenus au premier semestre, qui d’ordinaire représentent 50 % du concours, puissent compter davantage que les épreuves de juin », assure-t-il encore, conscient qu’il n’existe pas de solution à même de satisfaire l’ensemble des candidats et qu’il faut s’attendre à de possibles contestations des résultats devant la justice.

« Dans certains cas, les examens ne vont guère ressembler à ceux auxquels les candidats se préparent depuis un an », anticipe Orlane François, la présidente de la Fage, l’un des deux principaux syndicats étudiants. Les aménagements des épreuves, souvent en cours d’arbitrages, devront en tout cas être communiqués au moins quinze jours avant la tenue des examens.

À partir de l’an prochain, les études de médecine seront totalement remaniées, avec la suppression du concours de fin de première année et du numerus clausus.