« Recréer du lien », « préparer la rentrée », « dire au revoir », « repêcher » les décrocheurs… Alors que la réouverture des lycées doit être tranchée, jeudi 28 mai, par le premier ministre, Edouard Philippe, de nombreux établissements se préparent, « au cas où », à rouvrir leurs portes, en espérant vivre les quelques moments « pédagogiques » ou purement « symboliques » qui formeront cette fin d’année scolaire singulière.
Poussés par l’éducation nationale – qui veut éviter aux établissements d’être pris de court –, certains lycées ont donc commencé à mener des « sondages » pour savoir quels élèves souhaitaient revenir. D’autres ont diffusé des plannings – encore hypothétiques –, avec une prérentrée des enseignants le 2 juin, puis un accueil progressif des élèves les jours suivants.
Au milieu de ces préparatifs, les débats vont bon train : pourquoi faut-il rouvrir les lycées, alors même que les apprentissages seront forcément limités sur une période si courte ? Pour quels élèves ? De quoi seront faites les journées, à une période où, d’habitude, tout s’achève ?
L’acquisition de connaissances n’est pas le premier argument avancé par les enseignants pour plaider le retour en classe, et encore moins l’ambition, enterrée depuis longtemps, de « finir le programme ». Il faut dire que l’année sera « administrativement terminée », ou presque, lorsque les lycéens reviendront – s’ils reviennent. Les candidatures sur Parcoursup sont closes et les premiers résultats ont commencé à tomber, les conseils de classe auront lieu la semaine prochaine et la suivante…
La « pression » pour revenir sera donc faible. Ce sont principalement les élèves de première – dans l’éventualité où l’oral de français serait maintenu – qui se sentiront incités à revenir préparer leur épreuve. « S’il y a un gain, à ce stade, c’est celui du lien social, tranche une enseignante de sciences économiques et sociales au lycée Maurice-Utrillo de Stains (Seine-Saint-Denis), qui a souhaité garder l’anonymat. Il ne faut pas penser qu’on va sauver les élèves sur le plan pédagogique. Le mal est fait. »
Faire le relais de problèmes vécus pendant le confinement
Mais, au cours des deux mois et demi d’enseignement à distance – plus ou moins suivis selon les conditions de confinement –, les lycéens ont aussi perdu leur lien « physique » avec l’institution scolaire. S’ils reviennent, celle-ci pourra enfin se faire le relais de problèmes vécus pendant la crise sanitaire.
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