Des entreprises plongées dans l’incertitude, qui recrutent peu et de manière précaire, face à une population de demandeurs d’emploi croissante, du fait de la disparition brutale des missions d’intérim, des petits boulots et des jobs saisonniers. En quelques semaines, le marché de l’emploi qui s’était largement assaini en début d’année 2020 avec une augmentation des contrats à durée indéterminée, a changé de visage en raison du confinement et de la crise provoquée par le Covid-19. Et encore, les contingents de chômeurs issus des plans de licenciements ne sont pas encore là. « L’augmentation du chômage reflète plutôt le gel des embauches de la part des entreprises qui sont dans l’expectative, résume Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode.
Alexandre Judes, économiste pour Indeed France, site d’offres d’emploi en ligne, confirme cette analyse avec les données du terrain. Après deux semaines atones en début de confinement, le site a vu affluer, à la fin de cette période, les personnes en quête d’un travail, tandis que le nombre d’offres n’est revenu qu’aux deux tiers de la normale.
Le nombre d’étudiants à la recherche d’un emploi en hausse
« Les emplois les plus recherchés aujourd’hui sont ceux dans la vente, la restauration, dans l’aide à domicile… », énumère-t-il. Difficile de connaître exactement le profil de ces demandeurs, mais M. Judes suppose sans prendre trop de risques qu’il s’agit de personnes qui ont vu leur contrat à durée déterminée (CDD) se terminer et non renouvelé, en fin de mission d’intérim… « Beaucoup étaient vendeurs, chauffeurs livreurs ou indiquaient “stagiaire” sur leur profil », dit-il, avant d’ajouter que le nombre de demandes d’emploi qui sont accompagnées du mot-clé « urgent » a été multiplié par trois par rapport à l’avant-Covid.
Le nombre d’étudiants à la recherche d’un travail saisonnier pour arrondir leurs fins de mois, tandis que les universités et écoles sont fermées, est en franche hausse (+ 33 %) par rapport aux semaines précédentes. Un phénomène classique, mais particulièrement marqué cette année, les secteurs traditionnellement pourvoyeurs de jobs étudiants − bars, cafés, restaurants, tourisme, aéroports… − étant empêchés, au moins jusqu’à début juin.
Les entreprises recrutent peu
Les entreprises, de leur côté, non seulement recrutent peu, mais restent très prudentes, avec une proportion de CDD qui est repartie à la hausse au détriment des contrats à durée indéterminée. A la tête d’HelloWork, qui gère une petite dizaine de plates-formes de recherche d’emploi (ParisJob, RégionsJob, JobTrotter, Aladom…) drainant chaque mois 4 à 5 millions d’utilisateurs pour 800 000 offres par an, David Beaurepaire estime, lui, que le volume de CDD dans les offres est passé de 15 % à 30 % environ.
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