Quand ils ont entendu, jeudi 28 mai, Jean-Michel Blanquer annoncer la réouverture de « toutes les écoles » en juin, parents et enseignants ont été pris d’un doute : le gouvernement s’apprêtait-il à abroger le lourd protocole sanitaire, qui empêche les classes d’être au complet ? Le démenti est venu dans la foulée (« Si nous l’allégeons, ce sera à la rentrée »), et avec lui, une prise de conscience : l’école, tant que durera la menace épidémique, va déroger à un certain nombre de ses usages, de ses codes, voire de ses principes.
C’est vrai, aussi, des collèges, appelés à amplifier, avec la nouvelle étape du déconfinement qui a débuté mardi 2 juin, l’accueil réservé jusqu’à présent aux élèves de 6e et de 5e ; sans doute aussi des lycées, qui doivent progressivement rouvrir leurs portes.
Mais le bouleversement se mesure particulièrement aux premiers niveaux de la scolarité. Là où le gouvernement a donné le coup d’envoi de la reprise, mi-mai. Là où l’engagement d’une « montée en puissance » a été pris avec le plus de fermeté. Là où tous les regards convergent, désormais.
Finie l’école à plein temps et, souvent, l’« école pour tous » : des enseignants épaulés par des animateurs sont appelés à prendre en charge, par « roulements », sur des temps et en des lieux « contraints », une succession de « petits groupes ». Au mieux des demi-classes, au mieux une partie de la semaine… Voilà résumé à gros traits le fonctionnement de l’école en juin, et peut-être même de l’école d’après, celle qui rouvrira à la rentrée.
- Le volontariat toujours de mise
Tout a commencé avec l’annonce du volontariat des familles, le « péché originel du plan de déconfinement », tacle Agnès Le Brun, porte-parole de l’Association des maires de France. « Dans un pays habitué à lutter contre l’absentéisme scolaire, on a ouvert une brèche en affirmant, du jour au lendemain, qu’il n’y aurait pas de retour à l’école si les parents ne le souhaitaient pas », ajoute la maire de Morlaix (Finistère).
Prise en avril, quand la France comptait encore ses morts par centaines, cette décision présidentielle a été source de soulagement… temporaire. « Au début, les parents d’élèves ne se bousculaient pas, rapportent les directeurs d’école. La plupart disaient attendre de voir… » Mais l’épidémie leur semble aujourd’hui « sous contrôle ». Le nombre de clusters (les foyers de contagion) n’a pas explosé − une centaine, de source ministérielle. « On fait comment, maintenant, s’ils sont 100 % de volontaires à se manifester ?, questionnent les enseignants. On ne peut pas pousser les murs ! »
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