Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les journalistes pigistes paient le prix fort de la crise dans la presse

Alors que la santé financière des journaux est lourdement affectée par les conséquences de la crise sanitaire, les journalistes pigistes, plus précaires que jamais, paient le prix fort.

Par 

Publié le 05 juin 2020 à 11h27, modifié le 05 juin 2020 à 17h33

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Un journaliste reporter d’images lors d’une conférence de presse d’Emmanuel Macron, à Paris, le 18 mais 2020.

« Je préfère que vous ne donniez pas mon nom. » « Faites attention, je suis la seule fille du service pour lequel je travaille, on va savoir que c’est moi. » « Ne citez pas mes deux employeurs principaux, mes collègues vont me reconnaître tout de suite. » Difficile, quand on est journaliste précaire, payé à la pige ou en CDD, de faire valoir ses droits sans craindre les représailles. « Si j’ai du boulot depuis autant d’années, c’est parce que je la ferme, se persuade Juliette, célibataire et mère de deux enfants. On sait qu’avec moi il n’y a pas de problème. »

A la mi-mai, la jeune femme tirait pourtant désespérément le diable par la queue. Parce qu’elle n’avait pas encore été rémunérée pour des enquêtes menées au cours des douze derniers mois, ou parce qu’elle ne disposait pas de deux fiches de paie dans les quatre derniers mois − les deux principaux critères figurant dans le décret du 16 avril sur le chômage partiel −, elle n’avait accès au dispositif chez aucun de ses employeurs. « Heureusement que je suis logée et que mon ex m’aide financièrement », murmure-t-elle, croisant les doigts pour recevoir, un jour, les 10 000 à 12 000 euros qui lui reviennent.

Cagnottes spontanées

Quand le confinement a été instauré, de très nombreux journalistes ont vu leur activité disparaître. Plus de rencontres à suivre pour les journalistes sportifs, plus de films, de livres, d’albums ou de concerts inédits pour les critiques, plus de voyages pour les spécialistes du tourisme, plus de hors-séries ou de suppléments (supprimés) à remplir. Quand elle a mis en place un fonds d’aide d’urgence, la mutuelle Audiens, spécialisée dans la couverture des professionnels de la culture et des médias, a reçu en quinze jours autant de demandes d’aide qu’en une année et demie.

Dans certaines rédactions, comme à L’Equipe ou à France Télévisions, des salariés ont spontanément abondé des cagnottes. Des délégués syndicaux se sont battus pour intégrer les pigistes au décret sur le chômage partiel ou, quand cela a été nécessaire, rappeler les employeurs à leurs devoirs − certains ont essayé d’imposer des conditions supplémentaires, comme la détention de la carte de presse, alors que le texte ne le stipulait pas.

En mars et avril, Dan Perez, délégué SNJ à L’Equipe, recevait « 10 à 15 appels par jour » émanant des quelque 200 précaires embauchés à la pige par le groupe. Privés de matchs, les « livers », ces journalistes spécialisés dans le commentaire ultraprécis livré en direct, « ont vu leur activité passer de 100 % à zéro », justifie-t-il. « Comme on a tendance à penser que le foot ne s’arrête jamais, donc le boulot, on s’est retrouvés complètement démunis », reconnaît Thomas Fédérici, « liver » depuis neuf ans.

Il vous reste 49.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.