Le protocole sanitaire a d’abord été vécu, et c’est son rôle, comme une protection contre le risque de contagion du Covid-19. C’est « notre bouclier », résume Hervé Lalle, directeur d’une école dans le 11e arrondissement de Paris. Mais les temps changent. Et il se demande si les strictes règles de distanciation entre élèves ne sont pas devenues, aussi, une « sorte de poison », qui impose un retour à la normale plus lent qu’ailleurs.
Trois semaines après le retour en classe des premiers écoliers, une majorité de familles attend toujours aux portes de l’école de M. Lalle. Les enfants étaient quatorze à faire leur rentrée à la mi-mai ; ils sont quarante-six aujourd’hui. C’est le tiers de l’effectif ordinaire, et bien moins que ce que réclament des familles « de plus en plus sous la pression d’un retour à l’emploi », souligne ce militant du SE-UNSA.
Mais son argumentaire va au-delà : sans allègement du protocole sanitaire, c’est la « vie de la classe », les « interactions au cœur des apprentissages » qui sont remises en question. « Quand je vois les aires de jeux assaillies d’enfants dans les squares, et mon aire de jeux à moi, toujours déserte dans la cour de récréation, j’ai l’impression qu’on marche sur la tête… L’école serait-elle devenue le seul lieu encore confiné ? »
« On n’en est plus au premier rebondissement »
Il y a une semaine, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, soulignait sur les plateaux télévisés que le « maintien de ce protocole sanitaire strict » était « la condition de la confiance » entre les parents et le corps enseignant. Depuis, lui qui a toujours milité pour une reprise des cours le plus rapidement possible n’exclut pas qu’un « assouplissement » du protocole puisse avoir lieu « bientôt ». « Le sujet est sur la table, souligne-t-on dans son entourage. Jean-Michel Blanquer a pris contact avec [le ministre de la santé] Olivier Véran et le conseil scientifique. »
Ce dernier vient d’infléchir sa position : dans les colonnes du Journal du dimanche, dimanche 7 juin, le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a estimé que « même en continuant à respecter [à l’école] des règles un peu lourdes, on pourrait les simplifier en périscolaire d’ici à la fin juin : pendant les repas, les récréations ou le sport ».
Pour mémoire, l’aréopage d’experts était encore, fin avril, opposé à toute réouverture avant septembre. Il doit se pencher, « courant juin », sur les conditions de la rentrée 2020 à la lumière des connaissances scientifiques actuelles. Car celles-ci ont évolué : les conclusions auxquelles sont parvenus les chercheurs français tendraient à démontrer que les enfants sont moins contagieux que les adultes, et qu’ils ne sont sans doute pas les principaux propagateurs du virus.
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