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« Les chantiers sont le terrain de chasse idéal » : des étudiantes et chercheuses en archéologie dénoncent le sexisme qui y règne

Elles témoignent de brimades et d’agressions dans ce milieu, en particulier lors des chantiers de fouille. L’exposition « Archéo-Sexisme » a recueilli leur parole et fait le tour de France des campus.

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Publié le 09 juin 2020 à 00h40, modifié le 09 juin 2020 à 21h14

Temps de Lecture 7 min.

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Alors que s’ouvre la période des chantiers de fouilles, maintenus pendant cet été de déconfinement, les « histoires » commencent à circuler de nouveau. Des histoires qui se murmurent dans les couloirs, puis sont rangées dans un tiroir. « On en a toujours à se raconter, entre étudiantes. Sur tel terrain de stage, le chef d’opération met la main dans le pantalon des filles. Sur ce terrain-là, les blagues sexistes fusent… », détaille Béline Pasquini, doctorante en archéologie à l’université Paris-I. La jeune chercheuse passe en revue les témoignages rassemblés pour l’exposition « Archéo-Sexisme », qui, pendant plus d’un an, a fait un tour de France des campus pour alerter sur le sexisme qui règne dans le milieu universitaire de l’archéologie, et qui continuera de tourner dans les universités l’année prochaine.

Jets de gravier dans le décolleté

Dans l’un d’entre eux, une étudiante anonyme confie : « C’était mon premier chantier. Le responsable d’opération est passé derrière moi. Il m’a attrapée par les tresses et a mimé qu’il me prenait par-derrière. Ça l’a beaucoup fait rire. » Une autre évoque les « jets de gravier » dans le décolleté des fouilleuses. Une troisième raconte que son responsable lui a lancé : « Toi, tu passes le balai (…), comme ça, je peux te surveiller et mater tes fesses. »

Ces situations sont loin d’être nouvelles. Pour les trois membres de l’association Archéo-Ethique, qui portent cette exposition, « l’aspect physique et terrain des fouilles archéologiques, qui engage le corps dans des positions souvent inconfortables – les mains dans la terre, les fesses en l’air –, en fait un domaine à risque où, en tant qu’étudiantes, on peut être très exposées », estime Béline Pasquini, la coprésidente.

Séjours en vase clos

Des faits fréquents et même « banalisés » sur de nombreux terrains de stage, pointe une autre membre de l’association, Laura Mary, archéologue à Namur (Belgique) et jeune chercheuse qui étudie les discriminations dans sa discipline. A l’université ou lors de fouilles, les jeunes femmes se confiaient volontiers à elle, identifiée comme une oreille bienveillante, sur cette réalité pesante. « Mais, au fil des années, rien ne bougeait », regrette-t-elle.

Face à ce constat, Laura Mary a lancé, en 2017, le site Paye ta truelle, qui visait à rassembler et publier en ligne des témoignages de jeunes femmes dans le milieu archéologique. Très vite, « plusieurs dizaines de messages » ont inondé sa boîte mail et ses réseaux sociaux. Les jeunes femmes évoquent des remarques sur leur physique, des cas de harcèlement et d’agressions… En deux ans, une centaine d’étudiantes francophones en archéologie ont confié ainsi une parole jusque-là refoulée. Comme ce récent témoignage rapportant qu’un responsable d’opération aurait lancé, à propos d’une fouilleuse penchée en avant, une insulte obscène. « Nous étions tellement habitués à ce genre de remarque que personne n’a réagi, ce n’est qu’après que nous avons réalisé la gravité de cette phrase », raconte la jeune femme.

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