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Air France prépare un plan de départs volontaires portant sur plus de 8000 postes

La crise du Coronavirus a cloué au sol l'essentiel des avions d'Air France, comme ceux des autres compagnies aériennes.
La crise du Coronavirus a cloué au sol l'essentiel des avions d'Air France, comme ceux des autres compagnies aériennes. PASCAL PAVANI / AFP

La compagnie tricolore souhaite voir partir près de 18 % de ses salariés, sans recourir à des licenciements secs.

Début mai, le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, n'y était pas allé par quatre chemins. « Air France va entamer des pourparlers avec ses syndicats sur une éventuelle réduction de ses effectifs », expliquait-il, tirant les conséquences de la crise sanitaire qui porte un coup majuscule au transport aérien. On parlait à l'époque de plusieurs milliers de suppressions de postes sans plus de précisions. La compagnie affirmait aussi sa volonté de ne pas recourir à des licenciements secs. À la place, elle privilégierait les départs volontaires favorisés par la pyramide des âges, un certain nombre des 45.000 salariés de la compagnie tricolore approchant de l'âge de retraite.

Depuis, Air France a planché d'arrache-pied pour définir les contours de cette restructuration. Le travail n'est pas achevé : ce plan de suppressions de postes sera présenté au Comité social et économique (CSE) début juillet. Néanmoins, la compagnie y voit plus clair. Selon Bloomberg, à ce stade, Air France compterait supprimer 8300 postes. Contactée, l'entreprise n'a pas souhaité commenter cette information. Mais une source interne au groupe l'a confirmée.

À première vue, Air France va ­taper moins fort que ses concurrents européens : Lufthansa a annoncé la suppression de 22.000 emplois, British Airways veut remercier 12.000 collaborateurs. En fait, se séparer de plus de 8000 collaborateurs revient pour la compagnie tricolore à diminuer de 18 % ses effectifs, contre 16 % pour Lufthansa. « En 25 ans de carrière dans l'entreprise, je n'ai jamais connu un plan de suppressions de postes aussi massif », estime Jérôme Beaurain, membre du bureau Sud-Aérien d'Air France. La direction présentera aux organisations syndicales les orientations stratégiques de la compagnie et ses conséquences sur l'emploi lors d'un Comité social et économique central extraordinaire le 3 juillet, a appris jeudi l'AFP de sources concordantes.

Conformément aux orientations énoncées début mai, la compagnie ne procédera pas à des licenciements secs. Elle choisira des formules de départs volontaires comme l'a rappelé mercredi Jean-Baptiste Djebbari. « Ça se fera sans souffrance sociale, de façon concertée », a expliqué le secrétaire d'État aux Transports. En revanche, beaucoup de métiers seront concernés par cette restructuration. Les pilotes d'abord : 400 devraient quitter la compagnie. Les hôtesses de l'air et les stewards sont aussi dans le ­viseur avec quelque 2000 départs attendus.

Mais ce sont les personnels au sol qui paieraient le plus lourd tribut avec près de 6000 suppressions de postes. La moitié des emplois appelés à disparaître seraient dans les fonctions support (qualité, ressources humaines, développement durable…). L'autre moitié travaille dans les aéroports français (personnel d'embarquement, agents de piste…). Ces coupes pour les personnels d'escale résulteront de la réorganisation de l'activité court-courrier, très déficitaire. Avec la suppression de lignes régionales. Ou la reprise par Transavia, la filiale low-cost d'Air France, de vols exploités par la maison mère ou par Hop, une autre de ses filiales. Un Comité social et économique sur l'emploi chez Hop! doit d'ailleurs se tenir également le 3 juillet, a annoncé à l'AFP Joël Rondel, secrétaire du CSE de la compagnie régionale.

Quant aux modalités de départ, elles seront différentes suivant les catégories de personnels. Les pilotes, les hôtesses de l'air et les stewards partiront dans le cadre d'une rupture conventionnelle collective, un dispositif mis en place par les ordonnances Macron. Air France choisit cette formule plus souple car elle n'interdit pas de recruter assez vite après.

Sureffectif structurel au sol

Or, la compagnie pense qu'une fois passé le gros de la crise, dans un ou deux ans, elle pourrait avoir besoin d'embaucher des pilotes et des personnels navigants commerciaux. Avec les pilotes, les négociations sur les conditions de départ sont quasiment finies. Celles concernant les hôtesses et les stewards sont un peu moins avancées.

Pour le personnel au sol, pas question de passer par une rupture conventionnelle collective. La compagnie mettra en place un plan de départs volontaires qui rend plus compliqué des recrutements à court terme. Cela tombe bien : Air France estime qu'elle a un sureffectif structurel au sol. Reste que ce dégraissage des effectifs, qui passera aussi par des départs à la retraite non compensés, est une opération à haut risque. « Air France en est à son sixième plan de départs dans l'activité court-courrier, argumente Jérôme Beaurain. Il n'y aura pas assez de candidats au départ. Que se passera-t-il alors ? »

» À VOIR AUSSI - Air France: Jean-Baptiste Djebbari annonce «30% de trafic» aérien en juillet, 40% en août

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369 commentaires
  • Charles Fortin

    le

    Air France prépare un plan de départs volontaires portant sur plus de 8000 postes. Macron démission.

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