Publicité
Exclusif

Le transport routier redémarre sur des bases fragiles

Depuis la sortie du confinement, le transport routier reflète l'amélioration économique générale du pays. En mai, 27 % des entreprises du secteur encaissaient encore un recul de leur chiffre d'affaires, contre 48 % en mars.

En moyenne, 7 % des véhicules sont encore à l'arrêt en France, contre 59 % du parc pendant la troisi�ème semaine de mars.
En moyenne, 7 % des véhicules sont encore à l'arrêt en France, contre 59 % du parc pendant la troisième semaine de mars. (Laurent GRANDGUILLOT/REA)

Par Denis Fainsilber

Publié le 17 juin 2020 à 17:55Mis à jour le 17 juin 2020 à 19:16

Le transport routier redresse la barre en France, mais son activité est encore très loin d'avoir renoué avec le niveau d'avant la crise sanitaire. Actuellement, seuls 4 % des conducteurs de poids lourds se trouvent encore en chômage partiel et 7 % des camions sont toujours à l'arrêt, très loin des 59 % de véhicules immobilisés durant la troisième semaine de mars, selon la dernière enquête réalisée en juin par la Fédération nationale du transport routier (FNTR) auprès de 1.025 adhérents.

Par rapport aux deux mois précédents, la tendance à la reprise est très nettement confirmée : les entreprises de transport interrogées ont perdu en moyenne 27 % de leur chiffre d'affaires en mai dernier par rapport à 2019, mais ce niveau était beaucoup plus alarmant en mars (-48 %) puis en avril (-44 %), selon la même enquête. De même, 33 % des transporteurs demeurent à l'arrêt partiel, contre 59 % le mois dernier .

Pas d'effet positif sur les marges

La reprise chez les professionnels de la route est très inégale selon les régions et les métiers : les chefs d'entreprise de la région Sud PACA, d'Ile-de-France et du Centre-Val de Loire déplorent les plus fortes baisses de chiffre d'affaires, et « le pourcentage de camions à l'arrêt en Ile-de-France et PACA est beaucoup plus important que la moyenne nationale », selon l'organisation patronale. Par spécialité, les transports d'automobiles, de matières dangereuses et de produits industriels, sidérurgiques ou métallurgiques sont plus à la traîne que les produits alimentaires ou la logistique, et sont plus touchés par les arrêts partiels.

Publicité

Même si l'activité de la profession est globalement mieux orientée depuis la fin du confinement, « la reprise n'a aucun effet positif en termes de marge », observe la FNTR, car plusieurs problèmes opérationnels nés avec la crise sanitaire perdurent. Les patrons estiment par exemple qu'ils réalisent encore 10 % de kilomètres à vide de plus que la normale, un élément qui pèse lourd sur leurs marges, alors que le pourcentage des trajets à vide réalisé était précédemment en baisse continue depuis cinq ans. En raison de la surcapacité du transport et du désir de nombreux chargeurs de renégocier leurs contrats de transport, un tiers des sociétés notent également une baisse des prix du transport de marchandises par camion.

Quant à la baisse impressionnante des prix du gazole depuis mars, elle est neutre pour les transporteurs puisque répercutée sur le client. Dans ce contexte de fragilisation de l'activité, l'emploi risque de servir de variable d'ajustement. Quelque 55 % des entrepreneurs interrogés prédisent une stabilité de leurs effectifs lors des trois prochains mois, mais 32 % une réduction. D'autant plus que le pavillon français a perdu beaucoup de parts de marché en quelques années face aux concurrents étrangers à faibles coûts sociaux (venus d'Europe de l'Est).

Image très favorable

Les transporteurs voudraient rebondir sur leur image à présent favorable pour obtenir une aide du gouvernement, un voeu pieux à ce stade. A en croire les Français, les routiers sont sympas : selon un récent sondage Odoxa, 97 % des sondés considèrent que le transport routier de marchandises « a eu un rôle important pour permettre à la France de fonctionner pendant le confinement ». Mais ses représentants déplorent de ne pas être entendus par les pouvoirs publics. Après avoir obtenu en avril un coup de pouce de trésorerie de 390 millions , la profession espère encore décrocher la prolongation du chômage partiel et le report à janvier 2022 de la baisse de remboursement de la TICPE, à raison de deux centimes par litre de carburant. Cette mesure coûterait 210 millions au budget de l'Etat en un an et demi, mais Bercy fait la sourde oreille.

Denis Fainsilber

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité