C’est une proposition de projet de loi (PPL) qui veut faire « exploser le plafond de verre », dans la haute fonction publique comme dans les organes de direction des entreprises privées, afin de permettre à certaines catégories de la population, diplômées mais sans réseau, d’accéder à des postes à responsabilité.
« La non-représentativité dans les hautes sphères d’une partie des Français, issus des quartiers populaires, mais pas seulement, c’est tout le débat du moment, tout le problème », explique Abdelkader Haroune, à l’origine du projet. Ce commissaire divisionnaire de police fait référence aux récentes mobilisations contre le racisme et les violences policières, un peu partout en France. « S’il y avait davantage de personnes issues du peuple dans la hiérarchie, il y aurait moins de défiance, explique-t-il. Les personnes victimes de discriminations ou témoins de comportements déplacés auraient plus de facilité à en faire part, et plus de chances d’être entendues. »
En mai 2018, Abdelkader Haroune a intégré le Conseil présidentiel des villes (CPV), lancé en grande pompe par Emmanuel Macron. Composée de vingt-cinq personnalités issues des quartiers difficiles ou œuvrant pour ceux-ci, cette entité était censée prendre le pouls des territoires urbains fragiles et être le laboratoire à idées de l’exécutif, en matière de politique de la ville. Le président de la République, qui s’était engagé à convoquer ses membres tous les six mois, ne les a jamais revus.
« Aucun projet lancé »
Trois d’entre eux ont claqué la porte depuis le mois de décembre. Dont Saïd Hammouche, fondateur de Mozaïk RH, agence de recrutement spécialisée dans la diversité. « Le premier déserteur du CPV, c’est Emmanuel Macron, dit-il. Nous n’avons malheureusement aucune victoire à notre actif, aucun projet lancé, aucune nomination, aucune expérimentation en cours, regrette-t-il. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir bossé, pas faute d’avoir soumis des idées. » La PPL « relative à la représentativité sociale » en fait partie.
Cette PPL a une histoire singulière. Elle a germé au sein de cette nouvelle instance voulue par le chef de l’Etat, s’est d’abord heurtée au silence du ministère de la ville et du logement, de Matignon et de l’Elysée, puis au refus de la présidence du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale. Résultat, c’est une sénatrice socialiste qui va la porter devant le Sénat, dans le cadre d’une niche parlementaire − elle doit être débattue en octobre −, et deux députés dissidents du groupe LRM qui vont la soutenir dans l’Hémicycle.
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