Promesse d’un investissement enfin « à la hauteur » pour la recherche française, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche a fait son retour. La mobilisation des chercheurs opposés au texte également. Plusieurs syndicats (CGT, Snesup-FSU, FO, SUD, UNEF…) et collectifs avaient appelé à un rassemblement à Paris, jeudi 18 juin, pour « exiger le retrait » du projet, examiné le même jour devant le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.
« Cette loi va casser ce qui nous structure, et n’apportera pas de moyens supplémentaires », accuse Josiane Tack, secrétaire générale du SNTRS-CGT
Les vingt-quatre articles du texte, désormais connu dans la communauté sous son sigle « LPPR », prévoient l’évolution du budget de la recherche jusqu’en 2030, mais aussi des mesures sensibles touchant à l’organisation et les ressources humaines du secteur. Ils ont été communiqués pour la première fois aux représentants du monde universitaire, dimanche 7 juin.
Avant la crise et la période du confinement, les grandes orientations du texte, qui avaient filtré avaient suscité une vive opposition dans la communauté scientifique, à coups de motions, de grève dans les revues de recherche en sciences humaines et de manifestations. Plusieurs milliers d’enseignants-chercheurs, de chercheurs et d’étudiants avaient défilé, le 5 mars, contre un projet accusé d’engendrer plus de « précarité » dans le milieu.
Alors que la parenthèse de la crise due au Covid-19 s’éloigne, le gouvernement a relancé la machine : le texte devrait passer en conseil des ministres le 8 juillet, a annoncé la ministre de l’enseignement supérieur. « On avait cru que Frédérique Vidal avait entendu les contestations, on espérait rouvrir de véritables discussions. On voit, à l’inverse, une tentative de passer en force », dénonce Samuel Hayat, chercheur au CNRS et membre de la coordination nationale des facs et des labos en lutte.
« Comment ne pas être en colère ? Il n’y a aucune remise en cause du projet que nous critiquions. Cette loi va casser ce qui nous structure, et n’apportera pas de moyens supplémentaires », accuse Josiane Tack, secrétaire générale du SNTRS-CGT, qui, avec d’autres syndicats, « refuse ce calendrier inacceptable et demande que la consultation de toutes les instances sur le sujet soit a minima reportée à la rentrée ».
Mesures de revalorisation
Que contient le texte ? En termes budgétaires, les chiffres sont désormais sur la table. Cinq milliards d’euros supplémentaires sur les dix prochaines années, avec quelque 400 millions d’euros de plus prévus en 2021, selon les calculs du ministère. Cette somme doit permettre d’enclencher les mesures de revalorisation, notamment pour les chercheurs en début de carrière, ou encore d’augmenter le budget de l’Agence nationale de la recherche, qui organise des appels à projets auxquels répondent les laboratoires.
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