Nul besoin d’avoir fait une école de commerce pour comprendre : quand le parking des salariés est plus rempli que celui des visiteurs, le compte n’y est pas. Le Parc Astérix expérimente ce théorème basique depuis sa réouverture, lundi 15 juin.
On pensait, en venant le mardi, éviter une foule de nostalgiques du petit Gaulois et du grand huit. Précaution inutile : la veille, de mémoire de gardien, on n’avait jamais vu, hors temps pluvieux, aussi peu de monde dans l’enclave du sud de l’Oise. Est-ce la période qui ne prête pas à rire ni à se retourner l’estomac ? La peur du Covid-19, le temps ou l’argent qui manquent, ou encore la discrétion dans laquelle le parc d’attractions a rouvert, loin des fanfaronnades de Philippe de Villiers au Puy du Fou ?
Ils étaient 3 000 lundi, comme le reste de la semaine, à pousser les portes du « village gaulois », après avoir réservé leur place en ligne. Au-dessus de la jauge nécessaire pour amortir les coûts de fonctionnement, mais bien en dessous de la limite maximale – soit 5 000 personnes – que s’était fixée le parc pour cette première semaine.
La saison dernière, le lieu a attiré 12 500 visiteurs par jour. L’équilibre économique se situe à environ 10 000. « Les parcs d’attractions sont, dans l’industrie du loisir, ceux qui vont perdre le plus d’argent, car ils ont des coûts fixes très élevés, estime Eric de Bettignies, du cabinet Advancy, qui a conseillé les principaux sites français. La demande sera insuffisante, particulièrement pour Disneyland Paris [qui annoncera lundi 22 juin sa date de réouverture], qui dépend à plus de 50 % des visiteurs internationaux. »
« Ça ressemble plus à un parc de détente »
Nicolas Kremer, le directeur du Parc Astérix, se veut philosophe après de longues années de bénéfices : « C’est très calme, mais c’était voulu. On voulait redémarrer sur une faible fréquentation pour être sûr que tout fonctionne. »
A l’évidence, tout fonctionne, puisque le lieu est vide : les bandes jaunes pour séparer les groupes dans les files d’attente servent de décoration, les employés de la société de nettoyage désinfectent des barres que personne n’a touchées depuis la dernière fermeture, début janvier, et il n’a jamais été aussi facile de se faire prendre en photo avec Panoramix, même s’il est impossible de l’enlacer.
Le parc d’attractions post-Covid-19 est un émerveillement dont il ne faudrait jamais revenir : on passe d’une montagne russe à l’autre sans file d’attente, un rythme réservé aux systèmes digestifs les plus endurcis. Lundi, les visiteurs ont profité en moyenne de dix-huit attractions ; le nombre chute en dessous de dix lors des journées les plus denses, où la file d’attente pour une attraction peut atteindre une heure et faire naître quelques tensions.
Il vous reste 61.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.